Résumés
Résumé
La présence de bactéries hétérotrophes dans les eaux de consommation (robinet filtrée sur unités domestiques ou embouteillées) constitue un problème difficile à résoudre car on connaît très mal leurs effets sur la santé humaine. Deux points de vue s'affrontent: l'une perçoit ces bactéries comme des bactéries sans aucune importance quel que soit leur nombre, l'autre suppose que certaines d'entre elles sont potentiellement pathogènes et que l'on ne doit pas leur permettre de se multiplier indûment dans l'eau de consommation.
Ces bactéries hétérotrophes sont présentes partout et elles trouvent dans l'eau de consommation une niche écologique qui permet parfois leur croissance en grand nombre (e.g., nodules du réseau, tuyauterie des maisons, chauffe-eau, eaux embouteillées, filtre à charbon actif, etc.). Elles ne sont généralement pas d'origine fécale et ne peuvent donc pas servir d'indicateur de pollution fécale. De plus, les indicateurs fécaux tels les coliformes ou Escherichia coli ne peuvent servir à décrire ce groupe de bactéries. Des études réalisées aux États-Unis chez des familles consommant de l'eau filtrée sur filtres à usage domestiques n'ont pas mis en évidence d'effet sur la santé de concentrations élevées de bactéries hétérotrophes. D'autres études ont suggéré qu'une forte croissance de ces bactéries pouvait même être inhibitrice de la croissance des coliformes fécaux et de certaines bactéries pathogènes. Enfin, on a mis en évidence dans certains cas un effet inhibiteur de la présence de grand nombre de ces bactéries lors de l'énumération des bactéries indicatrices par filtration sur membrane. Au contraire, des études canadiennes récentes suggèrent que la présence de bactéries hétérotrophes en grand nombre pourrait avoir des effets sur la santé des consommateurs d'eau. Ces effets ont été observés lors de la prolifération de la flore bactérienne hétérotrophe dans les réservoirs d'unités de filtration par osmose-inversée. Enfin, des bactéries possédant des facteurs de virulence, et pouvant donc initier des maladies, ont été identifiées dans les eaux de consommation et posent le problème sous un angle nouveau.
Les indicateurs dont nous disposons pour évaluer les effets sur la santé des eaux de consommation sont de plus en plus remis en question. Les indicateurs de pollution fécale étant inadéquats pour l'évaluation des risques sur la santé il faudra maintenant nous tourner vers d'autres méthodes pour la surveillance des risques associés à la consommation d'eau. n est très difficile avec les informations dont nous disposons maintenant, de définir si l'on doit réglementer le nombre de bactéries hétérotrophes ou si l'on doit tout simplement faire tous les efforts pour éviter les recroissances non-contrôlées.
Mots-clés:
- Bactérie hétérotrophe,
- eau potable,
- indicateur de pollution fécale
Abstract
The presence of heterotrophic bacteria in drinking water (tap, point-of use treated or bottled) poses a difficult problem because we do not clearly know if they are really innocuous. Two points of views are presented: they could be totally unimportant whatever their number or they can be opportunistic pathogens and even frank pathogens if they are allowed to multiply in large numbers. These bacteria are not of faecal origin and are not indicators of faecal pollution even if occasionally some can be described as coliforms. Studies in the United States on families drinking water from domestic filtration units did not observe any significant health effects while other researchers have observed an inhibitory effect of these heterotrophic bacteria on coliforms and some pathogenic bacteria. On the other band, recent Canadian studies have observed that high bacterial counts in the water produced by reverse-osmosis units were correlated to gastrointestinal illnesses and that bacteria of potential virulence were present in tap water. All these observations have brought back the question of the potential health effects of heterotrophic bacteria. At the same time, the ability of current water quality indicators to protect public health is questioned and we must find other methods for the surveillance of waterborne diseases. Within these new guidelines or regulations, will probably have to set a limit on the acceptable number of heterotrophic bacteria in water. What this level will be remains to be determined, but until then we must assume that it is prudent to test drinking water in such a way, that it will not promote or permit the uncontrolled multiplication of bacteria of which we know so little. We are discovering new pathogens each year and we cannot assume that they are not present in treated waters. There are two approaches that can be used to limit potential health risks. The first is to limit the total population of heterotrophic bacteria by limiting available nutrients and using appropriate enumeration methods (heterotrophic plate count or epifluorescence viable counts). The second is to use or develop an indicator of health risk based on the virulence of bacteria (i.e., detection of virulence factors). There are still long discussions and researches ahead, but the driving force will be probably directed at limiting the nutrient available to heterotrophic bacteria and preventing significant growth in water distribution systems.
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