Cet ouvrage propose un tour d’horizon complet de l’intersection de ces deux domaines que sont l’histoire numérique et l’histoire publique. Dès le début, on définit les limites des deux concepts séparément, puis on montre bien la manière dont ils s’influencent nécessairement dans la mesure où l’utilisation du numérique en histoire ouvre toutes grandes les portes au public. Les quarante-six chapitres de l’ouvrage sont divisés en quatre sections. Dans la première, « Historiography », on traite du contenu généré par les utilisateur⋅rice⋅s, de l’autorité partagée, de l’histoire orale, de l’influence des mémoires numériques sur les identités nationales, des humanités environnementales numériques, de culture numérique muséale et du libre accès dans les communications scientifiques en histoire. La première section se termine par la présentation du concept d’herméneutique numérique et du tournant réflexif que prendrait l’histoire publique numérique. La deuxième section, « Contexts », traite des archivistes comme pairs, présente l’usage des technologies numériques que font les musées et les bibliothèques, considère la question de la publication d’ouvrages historiques à l’ère numérique et celle des médias sociaux. La troisième section, « Best Practices », discute la possibilité d’une nouvelle éthique de l’histoire publique numérique ainsi que les questions de visualisation des données, de la cartographie, des jeux vidéo, de l’activisme en histoire publique numérique, de l’histoire familiale, de l’archivage de soi et des souvenirs personnels et de l’influence des téléphones intelligents sur l’histoire. La quatrième et dernière section, « Technology, Media, Data and Metadata », présente quant à elle le mouvement mémétique sur Internet, la gestion de contenu, les liens entre données ouvertes et métadonnées, la question des mégadonnées en histoire publique numérique, la dimension audiovisuelle du virage de l’histoire publique vers le numérique, la photographie, l’utilisation de l’apprentissage machine pour l’exploration à grande échelle d’archives numériques et l’infographie en histoire publique. Certains chapitres se concentrent sur une seule étude de cas qu’ils creusent alors abondamment. D’autres en présentent deux ou trois et peuvent alors également se permettre de les présenter avec une certaine profondeur. D’autres encore enchainent des exemples trop nombreux pour les compter comme arguments pour atteindre la conclusion qu’ils souhaitent présenter. Cette diversité des tactiques donne parfois une impression d’incohérence, mais laisser une telle marge de manoeuvre était nécessaire pour rassembler un autorat tout aussi diversifié, et cette même latitude dans l’argumentation sert optimalement les différentes réflexions présentées. De même, certains chapitres font un usage abondant d’images (surtout des captures d’écran, numérique oblige) alors que d’autres n’en utilisent aucune. Ici aussi, tant l’usage que le non-usage sont appropriés au propos. Bien que la plupart des exemples présentés proviennent des États-Unis, dont on devine qu’ils ont une longueur d’avance en termes d’histoire publique numérique, de nombreux autres pays sont également cités, quoique trop peu de pays francophones s’y retrouvent étant donné la mondialité de l’ouvrage. Les choix concernant la distribution des chapitres dans les quatre sections ne sont pas toujours évidents, et le fil global de la présentation de l’histoire publique numérique tend à se perdre. Le contenu de certains chapitres se répète, dont celui des deux concernant les jeux vidéo. Les références mobilisées dans chacun des chapitres sont minimales, mais tout à fait suffisantes : un appareillage médiagraphique plus lourd aurait inutilement chargé tant le propos que l’ouvrage. Un public historien appréciera sans doute suffisamment un tel propos pour traverser l’ouvrage d’un bout à l’autre. Un lectorat non-historien, cependant, en lira surement quelques chapitres choisis. Par exemple, l’ensemble des professionnel⋅le⋅s travaillant dans la tétralogie de lieux de création et de transmission de l’histoire publique numérique que présente l’ouvrage, avec l’acronyme GLAM en anglais (« galleries, libraries, archives and museums »), …
Parties annexes
Bibliographie
- Éthier, M.-A. et Lefrançois, D. (dir.). (2021). Mondes profanes. Enseignement, fiction et histoire (2e éd.). Presses de l’Université Laval.