Recensions

Bouchard, G. (2023). Pour l’histoire nationale. Valeurs, nation, mythes fondateurs. Boréal

  • Dominique Laperle

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  • Dominique Laperle
    Université de Montréal

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Couverture de Volume 50, numéro 1, 2024, Revue des sciences de l’éducation

Gérard Bouchard poursuit, à plus de quatre-vingts ans et avec une rigueur remarquable, sa réflexion sur la société québécoise et ses fondements symboliques. Le diagnostic est clair : ces dimensions fondamentales à l’élaboration d’une culture et d’un système de valeurs communs sont aujourd’hui en crise. D’emblée, il pose la question : « Dans quelle mesure l’histoire nationale et son enseignement peuvent-ils contribuer à atténuer la crise en assurant la sensibilisation aux idéaux propres à allumer une nouvelle ferveur et à susciter des engagements citoyens ? » (p. 7). Bouchard désire démontrer la pertinence de l’objet « nation » au sein du programme d’histoire et circonscrire les finalités assignées à l’histoire nationale, notamment en réactualisant son rôle dans la diffusion des mythes fondateurs. Comme sa réflexion se veut aussi large que possible, il se propose notamment d’analyser certains contenus d’ouvrages (surtout des manuels scolaires) afin de comprendre l’évolution de la place de la nation. Il désire aussi revenir sur la controverse autour du renouveau pédagogique, en particulier sur le programme d’histoire au secondaire. Enfin, il conclut par un appel à un engagement culturellement et socialement renouvelé vis-à-vis de l’histoire nationale. L’ouvrage se divise en quatre grandes parties. La première s’intitule « Les chemins de la mémoire » et compte trois chapitres portant sur la crise de la mémoire collective et l’histoire. Elle est suivie d’un chapitre qui survole des critiques dont fait l’objet l’histoire nationale et un dernier qui survole ses finalités principales et les programmes liés à l’histoire nationale depuis 1960, en portant attention aux valeurs proposées (p. 43). La deuxième partie plonge à travers deux autres chapitres sur les mythes nationaux (ceux des origines ainsi que les valeurs fondamentales propres au Québec) et l’intégration de la diversité ethnoculturelle dans le récit national. Bouchard y démontre qu’elle peut s’intégrer à l’enseignement de l’histoire nationale en empruntant la voie des valeurs universelles qui respectent la singularité de la société québécoise, minoritaire en Amérique. Bouchard table sur l’idée que la pluralité des expériences peut s’intégrer à l’histoire nationale. La troisième partie du livre se penche sur la transmission des valeurs à l’aide de l’histoire nationale, en analysant 103 manuels et ouvrages d’histoire publiés entre 1804 à 2018. Bouchard offre ici un travail sérieux et rigoureux. Un des apports novateurs de Bouchard consiste en l’attention qu’il porte aux interactions avec les Premières Nations, notamment sur le rapport de domination et d’exploitation instauré par les Français, les tentatives d’assimilation, les emprunts effectués, les échanges économiques, la fréquence et la violence des affrontements. Bouchard fait ressortir l’eurocentrisme qui légitime la spoliation des droits autochtones. On note que l’auteur ne fait aucune référence à l’esclavage ni aux variations notables dans le concept de l’américanité réelle et vécue par les collectivités à travers les époques. Bouchard présente ensuite l’histoire nationale comme une histoire aux capacités intégrantes. Il la voit comme un genre scientifique tout à fait légitime qui fusionne le sujet racontant à l’objet raconté. La nation québécoise dont il parle est celle qui s’est redéfinie après 1950 en se fondant sur la liberté, la démocratie, les droits de la personne, le pluralisme, la non-violence, la recherche de l’égalité sociale et le rejet du magistère abusif des Églises (p. 217). Il souligne l’importance de négocier le plus d’ouvertures possible avec le supranational sans compromettre la base, car, pour lui, la nation est indissociable d’une forme de nationalisme qui suscite un attachement et un désir de progrès dans la poursuite d’idéaux élevés et dans le respect des autres nations. Pour lui, la nation doit être le cadre intégrateur de la vie collective, un principe fédérateur du social et …