Recensions

Hacking, I. (2023). Anthropologie philosophique et raison scientifique. Vrin

  • Jesse Schnobb

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  • Jesse Schnobb
    Université Memorial de Terre-Neuve

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Couverture de Volume 49, numéro 3, 2023, Revue des sciences de l’éducation

Ce livre est une anthologie des écrits d’Hacking. Il est organisé en trois sections, qui suivent un ordre logique et thématique plutôt que chronologique. La première section, « Philosophie et histoire », porte sur le réalisme des entités à travers le concept foucaldien « d’ontologie historique ». Ce dernier souligne l’importance de relever les contradictions dans les savoirs de sens commun, les apories, par l’effet de boucle entre les classifications et les individus. Ces boucles sont le résultat d’un certain style de raisonnement scientifique comme « le style de laboratoire » ou « le style statistique ». Des exemples de ces styles se trouvent dans les deux prochaines sections. L’ontologie historique est une méthode d’anthropologie philosophique capable d’étudier ces modes de raisonnement, notamment leurs mécanismes de stabilisation ainsi que leurs conceptions de l’objectivité et de la vérité. Hacking utilise cette méthode pour retracer l’histoire des concepts et des pratiques. Bref, la première section du livre présente l’ontologie historique comme méthode historico-philosophique dans l’étude des possibilités ontologiques qu’offre chaque style de raisonnement scientifique. La deuxième section, intitulée « Philosophie du laboratoire et technosciences », porte sur le réalisme expérimental. Hacking plaide que de nouvelles représentations scientifiques sont possibles grâce à de nouveaux instruments scientifiques. Avec le cas de la perception microscopique, il montre comment la compréhension technoscientifique des instruments scientifiques est nécessaire pour discerner les entités réelles des artéfacts. Il poursuit avec le cas de l’évolution du concept de l’ultrafroid en physique. Avec cet exemple, Hacking montre comment différentes expériences apparentées peuvent révéler le même phénomène, qui doit être théorisé à postériori. De sorte que pour Hacking, l’avancement scientifique n’est pas une question de réfutabilité, mais d’une interaction continue entre théorie et expérience. Ensuite, Hacking s’appuie sur Kuhn pour soutenir que les différentes classifications scientifiques rendent « incommensurables » les lexiques des classifications de chaque style de raisonnement scientifique. Il montre avec l’exemple du tableau périodique que les classifications et leurs lexiques ne sont pas nécessairement arborescents. Enfin, il plaide pour une approche réaliste des expériences scientifiques qui tient compte des représentations, des instruments et des classifications propres à chaque style de raisonnement scientifique. Ces considérations anthropologiques dans l’ontologie historique permettent de saisir comment les entités sont construites par la science et de comprendre qu’elles ont une existence réelle dans le monde. La troisième section, « Statistique, effets de boucle et sciences humaines », argumente en faveur d’un réalisme référentiel dans un effet de boucle entre le monde et la science. Hacking utilise le cas des études statistiques sur le suicide au 19e siècle pour montrer la fabrication des classifications scientifiques qui façonnent le discours public autour d’une pathologie médicale. Il poursuit en montrant à partir de l’étude du concept de seuil de pauvreté, comment les classifications scientifiques contribuent à fabriquer des politiques sociales et des structures institutionnelles qui influencent la vie des individus. La section se termine par l’étude du concept de maltraitance des enfants qui montre que les classifications évoluent et changent avec le temps. Le choix de ce concept illustre la question du « normal » et du « pathologique » qui sont largement influencés par le style statistique à travers la loi normale et sa réification médicale. Avec ces exemples d’ontologies historiques, Hacking montre comment les styles de raisonnements scientifiques sont façonnés et comment ils fabriquent une réalité dans un effet de boucle d’une complexité dynamique. En guise de conclusion, Hacking propose le concept de « nominalisme dynamique » pour exposer la complexité dynamique de façonnement et de fabrication des possibilités ontologiques qu’offre un style de raisonnement scientifique à travers le temps. L’idée sous-jacente à …