Recensions

Piché, V., Le Bourdais, C., Marcoux, R. et Ouellette, N. (dir.) (2022). L’éclairage de la démographie. Mesurer pour mieux comprendre les enjeux sociaux. Presses de l’Université de Montréal[Notice]

  • Jean Bernatchez

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  • Jean Bernatchez
    Université du Québec à Rimouski

L’ouvrage collectif regroupe 32 contributions présentées en autant de chapitres. Il est le résultat d’une demande des Presses de l’Université de Montréal de préparer un ouvrage sur l’apport de la démographie pour comprendre les enjeux sociaux du Québec. La plupart des auteur⋅e⋅s (2022) entretiennent des liens avec le Département de démographie de l’Université de Montréal, créé en 1965 et pionnier de l’approche sociale des phénomènes démographiques. La caractéristique multigénérationnelle de l’équipe de 37 personnes contributrices « est garante de la diversité des préoccupations et des approches adoptées dans les débats qui ont marqué l’évolution de la société québécoise au cours des cinquante dernières années » (p. 8). L’ouvrage est organisé selon cinq thématiques. 1) La famille est au coeur de l’analyse démographique, un phénomène apprécié à l’aide des concepts de fécondité et de conjugalité, entre autres. Cependant, l’évolution de la famille est un défi pour la recherche sociale. La démographe Kempeneers insiste sur le malaise à définir la famille avec le double critère traditionnel de corésidence et de parenté. « L’intérêt porté aux solidarités familiales, dans le contexte de l’essoufflement des États-providence des années 1980, a contribué de façon décisive à élargir l’angle sous lequel on étudiait la famille jusque-là. » (p. 82) 2) La diversité n’est pas une réalité nouvelle liée à l’immigration. Par exemple, l’expérience humaine des Premières Nations s’inscrit dans une histoire millénaire sur le territoire de ce qu’est actuellement le Québec. L’historien Bouchard parle d’une sociologie et d’une démographie des majorités culturelles : celle d’un groupe majoritaire dont l’établissement est ancien, dit « de souche », et celle des groupes minoritaires qui se caractérise par différents traits culturels comme la langue, la religion, les coutumes, etc. 3) La crise de la COVID-19 met en évidence le fait que les politiques à l’endroit des personnes âgées ne sont pas en adéquation avec les besoins réels de cette population. Expert en santé des populations, Choinière utilise la méthode du calcul de la surmortalité pour mesurer la performance relative du Québec eu égard à la crise sanitaire de 2020 : ce taux est élevé, mais pas parmi les pires au monde. Il prône l’utilisation sur une base permanente d’un « système sentinelle » pour mesurer l’ampleur de tels phénomènes. 4) Deux chapitres sont consacrés à l’éducation dans la section traitant des défis de l’éducation, du logement, de l’environnement et du droit en santé reproductive. Les sociologues Laplante et Doray déconstruisent le mythe du retard scolaire des Québécois⋅es en analysant l’évolution de la diplomation universitaire au Québec et en Ontario depuis les années 1930, et en cernant l’impact déterminant de l’immigration sur cette évolution. Des écarts subsistent en faveur de l’Ontario, cependant « [l]e retard scolaire du Québec n’est plus qu’un mythe, mais comme ces écarts ne peuvent pas disparaître et puisqu’il est plus facile de les interpréter comme un retard […], le mythe est indestructible » (p. 286). Normandeau, démographe et analyste travaillant pour l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), y va de l’analyse des performances éducatives du Canada et du Québec en termes de comparaisons internationales. Au Québec, la situation est préoccupante, mais pas catastrophique : « chez les 25-34 ans, le taux de diplomation de l’enseignement secondaire […] est supérieur à celui de nombreuses régions de l’OCDE, notamment certaines régions en Finlande, un pays louangé pour ses prouesses dans le domaine de l’éducation » (p. 295). Le taux de décrochage au Québec demeure modeste si on le compare à celui d’autres pays de l’OCDE, mais comme le rappelle l’auteur, un·e seul·e décrocheur⋅se est déjà un⋅e décrocheur⋅se de trop. 5) Tirer profit de données abondantes, mais …