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Dans la réédition de cet essai de 2008, Micheline Dumont, historienne pionnière de l’histoire des femmes au Québec et membre du collectif Clio, présente l’histoire du féminisme au Québec. L’auteure s’adresse à la jeune génération qui, selon elle, doit connaitre l’histoire de cette lutte inachevée pour pouvoir mieux y participer. La première partie raconte les débuts du féminisme au Québec et décrit la création de ses premières associations. La partie deux (1913-1940) relate le chemin qui a mené à l’obtention du droit de vote au fédéral et au provincial. La partie trois (1940-1969) décrit les actions des femmes nouvellement citoyennes et leur participation à la vie politique. La partie quatre (1960-1980) concerne les actions-chocs prises par les femmes afin de faire avancer plusieurs causes comme celle de la contraception. Finalement, la partie cinq s’intéresse au mouvement de 1981 à aujourd’hui et s’attarde aux nouveaux objectifs, comme la liberté sexuelle.
La première force de l’oeuvre est le travail de vulgarisation exceptionnel de Dumont, qui parvient à couvrir l’histoire du féminisme de 1893 (date de la création du Conseil national des femmes, soit la première organisation féminine pancanadienne) à aujourd’hui. Pour faciliter la compréhension, l’auteure ponctue le texte de notes en bas de page expliquant les termes scientifiques, en s’appuyant sur de nombreuses sources primaires. Ensuite, l’auteure n’hésite pas à déconstruire les préjugés véhiculés sur le féminisme, qui est souvent associé à sa forme la plus radicale ; en décortiquant tous les groupes féministes, elle brise l’image selon laquelle les féministes voulaient être supérieures aux hommes. Elle en dit peu cependant sur ses positions personnelles. Une autre force de l’auteure est qu’elle traite de sujets qui sont encore d’actualité. Elle réussit à atteindre son objectif de montrer que les luttes féministes ne sont pas terminées, surtout dans le dernier chapitre (ajouté lors de la réédition), qui met en lumière les causes et les débats actuels, comme l’hypersexualisation des jeunes filles ou la prostitution.
Dans une perspective pédagogique, un des points faibles du livre est qu’il ne présente pas suffisamment le contexte historique, ce qui peut poser problème si l’on souhaite le présenter à des élèves. Aussi, bien que l’essai porte sur l’histoire du féminisme, il y manque une description de la situation quotidienne des femmes selon les époques. Une dernière faiblesse est le manque d’explications quant aux causes des revendications.
Cet essai a plusieurs utilités pédagogiques. Il peut être utilisé dans le cours d’histoire du Québec et du Canada, qui aborde peu l’histoire des femmes, et encore moins l’histoire du féminisme. Autre fait intéressant, la troisième partie couvre l’évolution du système d’éducation (la commission Parent) et de la syndicalisation (les comités féminins) en y incluant les femmes, notions qui sont enseignées dans ce cours. De plus, il est pertinent de l’utiliser dans un cours d’éducation à la sexualité ou d’éthique et culture religieuse ; il invite à la discussion, à la sensibilisation et aux discussions quant à plusieurs débats encore actuels. Bref, Dumont remplit bien son but avoué, qui est de rejoindre un lectorat plus jeune, dont fait partie Camille, sa petite-fille, à qui l’essai est dédié.