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Cet ouvrage collectif pose son regard sur l’utilisation, en classe, des productions (cinématographiques, vidéoludiques, littéraires, etc.) à caractère historique dédiées à un grand public. Comme ces objets culturels ont été produits sans être soumis aux processus de validation scientifique (bien que, dans certains cas, des historiens aient été consultés), ils méritent ce statut particulier d’« histoire profane », émanant donc d’un milieu non scientifique et destinés à un grand public.
Divisé en cinq sections, ce livre expose, dans un premier temps, une réflexion sur ce qu’est l’histoire profane et comment elle est élaborée. La réflexion menée dans cette première partie touche, entre autres, à l’interdépendance entre l’histoire savante, alimentée par l’analyse et la méthode, et l’histoire profane, issue de l’imaginaire. On s’intéresse aussi à la tendance, dans les récits profanes, à une reprise du pouvoir par des acteurs secondaires ayant eu à vivre les grands évènements historiques et l’on analyse des entrevues réalisées auprès divers artisans culturels québécois, dont Denys Arcand, Robert Lepage et Fred Pellerin.
Dans les sections suivantes, on aborde les sources d’histoires profanes auxquelles les enseignants peuvent s’alimenter. Premièrement, on s’intéresse aux arts de la scène (théâtre, télévision, cinéma) et à l’exploitation de ceux-ci (qu’ils soient de type documentaire ou narratif) en contexte de classe pour développer l’esprit critique ainsi qu’une conscience des contextes de production et des sous-messages véhiculés dans ces oeuvres. La seconde section traite des jeux vidéo, entre autres, pour réfléchir à leurs utilisations optimales pour illustrer certains concepts historiques, tout en s’intéressant aux représentations de l’histoire que peuvent engendrer les structures et raccourcis employés par le milieu vidéoludique pour respecter une trame narrative et historique en captant et entretenant l’attention du participant. La troisième section, sur les oeuvres littéraires (romans, romans graphiques, chansons), s’intéresse à l’apport de la fiction dans l’enseignement de l’histoire pour développer la pensée critique et historienne en encourageant un processus itératif entre les sources profanes et savantes. La dernière section du recueil s’intéresse aux musées, aux reconstitutions numériques ainsi qu’aux lieux de mémoire.
Une faiblesse de ce livre est cet aspect collectif ; ainsi, certains textes se lisent avec plaisir alors que d’autres sont plus malhabiles. On note l’initiative des « encadrés » : en effet, il n’est pas rare, pour un livre qui s’adresse volontairement à un double public d’universitaires et de praticiens de l’enseignement, de devenir inutile pour les uns ou obscur pour les autres. Or, Mondes profanes fait suivre chacun de ses chapitres plus théoriques d’un « encadré », soit la description, en quelques pages, d’une application des idées qui ont été élaborées dans le précédent chapitre permettant au lecteur de réinvestir ce qu’il vient de lire.
Cette réflexion sur l’histoire profane est donc faite sur un « double ton », la rendant accessible tant aux praticiens qu’aux universitaires et est, tout à la fois, un bel effort de synthèse de l’état de la recherche et de vulgarisation scientifique.