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Dans ce collectif, dix auteurs abordent la question de la construction d’une didactique plurilingue et pluriculturelle à l’intérieur d’une grande variété de dispositifs éducatifs.
La première partie de l’ouvrage traite de l’évaluation et des outils au service de ces dispositifs. Elle étudie des avenues pour actualiser les certifications de langue et questionne le programme de langue seconde du baccalauréat international. On y traite de la prise en compte de la diversité linguistique et culturelle dans les dictionnaires français-chinois utilisés par les étudiants chinois, ainsi que dans les manuels de portugais au Timor Oriental. Des auteurs s’interrogent sur le développement de la compétence interculturelle chez les jeunes traducteurs en Roumanie et sur la question du développement d’une didactique de l’intercompréhension dans le contexte plurilingue de la Caraïbe.
La seconde partie de ce collectif traite des tensions et des impacts sur les politiques et dispositifs d’enseignement plurilingue et pluriculturel dans le contexte de mondialisation et de l’espace Europe-Asie. Les auteurs s’interrogent sur les enjeux didactiques de la mobilité étudiante, sur les enjeux de la contextualisation du Cadre européen de référence pour les langues en analysant le cas de l’enseignement du français, langue étrangère au Japon. On y retrouve deux études comparatives ayant comme point de départ le Cadre européen de référence pour les langues : la première portant sur le Standard d’enseignement de la langue japonaise (JF Standard) et la seconde, sur les idéologies de la culture éducative chinoise.
L’ouvrage contribue assurément au questionnement de la didactique monolingue au profit d’une didactique plurilingue dans un contexte de mondialisation. Il met en évidence une forme d’hybridation non seulement des langues, mais aussi des cultures. En filigrane se dessine le point de vue critique de certains auteurs, portant notamment sur l’occidentalisation de la mondialisation ou sur certains réflexes de protectionnisme culturel.
Le défi était de taille, celui de regrouper dans un même ouvrage des études de tâches précises d’enseignement-apprentissage, des questions soulevées sur les programmes et les curriculums ainsi que des interrogations sur les politiques nationales et internationales. Ce défi a été relevé habilement, malgré une apparence de dispersion : la mise en parallèle des préoccupations de différents niveaux permet de mieux comprendre les enjeux liés aux divers dispositifs. Malgré un effort pour aller du particulier au général, la division de l’ouvrage en deux parties sert davantage la forme que le fond puisque les deux abordent, à toutes fins pratiques, la question des dispositifs didactiques dans une perspective plurilingue et pluriculturelle. De plus, cet effort de délimitation Europe-Asie en deuxième partie laisse transparaître une généralisation, puisqu’elle focalise principalement son attention sur la France, le Japon et la Chine. Quoi qu’il en soit, ce collectif intéressera les chercheurs en didactique des langues ainsi que les gestionnaires de l’enseignement. Il apporte une vision moderne et évolutive de la didactique dans le contexte de la mondialisation.