Corps de l’article
Son titre annonçant déjà sa nature de plaidoyer, cet ouvrage collectif soutient l’implantation d’écoles communautaires au Québec alors que ce phénomène n’y est encore qu’en émergence. Quatre idées principales pour voir s’actualiser l’école communautaire se dégagent des contributions de ce livre.
Premièrement, l’école communautaire est plus qu’un ensemble d’initiatives morcelées de collaboration et d’intégration des services ; s’articulant dans une vision portée par l’engagement des communautés, elle vise la réussite éducative et le bien-être de tous les élèves, mais aussi l’amélioration de leur condition et de celle de leurs familles et communautés dans un souci de justice sociale. Le chapitre premier présente les caractéristiques de l’école communautaire à partir de travaux venus d’ailleurs, alors que le second chapitre les dépeint par la description d’une école montréalaise. Bien qu’elle atteste que le mouvement vers une école inclusive est en marche, la présentation subséquente d’initiatives ciblant certains aspects de l’école communautaire pourrait laisser croire que l’ajout de programmes ou de ressources sans l’articulation d’une vision d’ensemble permettrait de développer une école communautaire. Pour éviter cet écueil, une lecture du premier chapitre et de la conclusion s’impose.
Deuxièmement, plusieurs contributions témoignent du nécessaire passage d’une posture de déficit et de sa logique compensatoire à une posture considérant l’engagement de tous dans une approche multimodale de développement basée sur les forces des jeunes, des familles et des communautés. À ce titre, la collaboration école-famille occupe une place prépondérante dans le livre. Son traitement laisse cependant place à certaines répétitions, phénomène attribuable à la nature même d’un collectif.
Troisièmement, l’ouvrage permet d’anticiper les obstacles à la réalisation de l’école communautaire. Dès lors, il s’inscrit dans le courant des travaux anglo-saxons sur l’éducation inclusive où une plus grande inclusion passe indubitablement par l’identification et l’abolition des sources d’exclusion. Les obstacles identifiés dans ce livre se situent surtout à l’échelle des initiatives présentées, bien que le chapitre 3 porte une réflexion plus vaste sur les obstacles rencontrés à l’échelle macrosociale en Angleterre. Ce dernier aspect est crucial, car il met en jeu la pérennité des efforts consentis par les communautés pour accroître l’inclusion. La conclusion de l’ouvrage ramène d’ailleurs cet aspect décisif à l’avant-plan.
Finalement, ce livre propose des pistes de réflexion sur les conditions de mise en oeuvre d’une école communautaire et sur son évaluation. Compte tenu de la complexité inhérente à la diversité des milieux, ce processus appartient aux communautés qui auraient avantage à être guidées par la recherche. On propose la théorie du changement en tant que cadre permettant aux communautés de définir les actions à entreprendre (processus) et les objectifs poursuivis (résultats).
Cette publication est incontournable pour les communautés et les décideurs appelés à soutenir l’école communautaire. Puisque le défi demeure celui de l’actualisation de l’école communautaire non pas comme un ensemble disparate d’initiatives, mais bien dans une vision articulée autour d’un projet social commun, un second ouvrage portant sur les aspects philosophiques (et politiques) de l’école communautaire est vivement attendu, comme le suggère la conclusion.