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Ce collectif regroupe les travaux de huit chercheurs universitaires sur le sujet de l’enseignement du programme d’Éthique et culture religieuse au Québec. La visée explicite de ces auteurs est de fournir une réflexion autocritique sur l’implantation du programme et d’offrir un examen rationnel des reproches qui lui sont adressés. Mireille Estivalèzes introduit l’ouvrage en situant l’instauration du nouveau cours en aval du processus de laïcisation de l’État québécois et en brossant le tableau des arguments de ses détracteurs.
Micheline Milot propose, au premier chapitre, un aperçu sociohistorique des débats sur l’enseignement de la religion au Québec, qui met en relief l’irrecevabilité de l’argument identitaire employé par certains opposants au programme. Estivalèzes opère ensuite un survol historique des programmes de culture religieuse depuis 1970, qui est suivi de la contribution de Solange Lefebvre exposant les interprétations divergentes de la laïcité circulant au Québec. Diane L. Moore insiste, dans son chapitre, sur l’importance de l’enseignement culturel des religions comme remède à l’intolérance et aux préjugés procédant de l’inculture religieuse mondiale. En s’appuyant sur les thèses de Gutmann et Macedo, Georges Leroux soutient ensuite que la reconnaissance de la diversité ne constitue pas un obstacle à une culture commune rassembleuse et ouverte sur l’universel. Pierre Bosset aborde, pour sa part, la dimension juridique qui accompagne incorrectement la rhétorique de l’opposition parentale catholique au programme et Louis-Charles Lavoie fait part, via son expérience comme formateur, des résistances au changement d’enseignants de la Montérégie. Finalement, Stéphanie Gravel et Solange Lefebvre se penchent sur les notions de neutralité, d’objectivité et d’impartialité dans le curriculum, soulignant que ces concepts ne sont pas réellement matière à débat sur la légitimité du cours d’Éthique et culture religieuse.
L’ouvrage permet d’appréhender le programme d’Éthique et culture religieuse à travers le prisme de ses enjeux théoriques et pratiques et des débats qu’il suscite. Aussi l’approche pluridisciplinaire des auteurs, dont les champs de compétence sont divers, rend-elle compte de la portée sociale des questionnements soulevés par l’application du nouveau cours. Cet attribut appréciable n’est cependant pas sans renvoyer au lecteur une impression d’éclectisme à outrance et d’égarement. En outre, les reprises historiques des contingences ayant conduit à l’élaboration du cursus, si elles sont toutes présentées de façon différenciée et originale, constituent néanmoins des redondances, d’autant que ce parcours a été amplement abordé dans un certain nombre de publications antérieures sur le même sujet.
Le chapitre de Diane L. Moore est par ailleurs stimulant, puisqu’il affirme la pertinence de la démarche québécoise en matière d’enseignement du religieux au regard du contexte socioreligieux mondial. La suggestion, par Solange Lefebvre, de l’appellation non-confessionnalité séculière pour désigner la spécificité du modèle de laïcité québécois est également une nouveauté intéressante. Le collectif est en somme une oeuvre originale dans sa prise en compte des critiques, même si aucun détracteur n’y est représenté et que le parti pris des auteurs y est discernable.