Ce collectif qui porte sur la gestion des diversités à l’école regroupe 20 auteurs et comprend 15 chapitres répartis en cinq sections. Celles-ci traitent à la suite l’une de l’autre : (1) des encadrements politiques et juridiques du rapport à la diversité ; (2) de l’adaptation des normes et pratiques scolaires à la diversité religieuse ; (3) de la pluralité religieuse dans le curriculum ; (4) de l’enseignement de l’histoire dans un contexte pluraliste ; et (5) de l’école dans son milieu : ethnicisation et rapports interculturels. Textes de réflexion, analyses comparatives et analyses de pratiques figurent parmi les moyens privilégiés pour susciter l’intérêt des spécialistes en éducation interculturelle ainsi que des décideurs et des intervenants de divers milieux. Quelques passages, qui constituent de façon univoque des forces de l’oeuvre, retiennent particulièrement notre attention. Une première auteure relève un paradoxe sur le plan des politiques publiques au Québec entre l’existence de pratiques ségrégatives et le discours prédominant sur l’interculturalisme (p. 18). L’auteure rappelle les débats, pas si lointains, autour des accommodements raisonnables qui ont révélé parfois des attitudes négatives à l’égard des minorités. Ces perceptions tendent à ouvrir vers des interprétations différentes de la laïcité ouverte de l’école québécoise (p. 45). Les divergences de points de vue se manifestent également autour du nouveau programme québécois alliant à la fois les champs de l’éthique et celui de la culture religieuse (p. 91). Mieux-vivre-ensemble, ouverture, tolérance, inclusion, liberté sont tous des principes à l’ordre du jour tant au Québec (p. 101) qu’en Colombie-Britannique (p. 74) et en France (p. 150). L’histoire de l’immigration est plutôt passée sous silence dans les cours d’histoire en France, la diversité étant prise en compte sous le libellé des autres (p. 157). Finalement, la question de la ségrégation scolaire ramène à l’avant-plan l’existence de pratiques de classement (p. 172) dans un contexte de concurrence scolaire organisé entre écoles à projets particuliers et écoles de quartier et dans lequel l’ethnicité joue un rôle implicite (p. 185). Toutefois, en voulant ratisser trop large, les auteurs risquent de donner au volume une allure qui ressemble davantage à des actes de colloque. Par exemple, les chapitres sur les jeunes et l’histoire du Québec et sur la pensée historique ne discutent pas directement de la diversité. Bien que fort intéressants, ils gagneraient en pertinence s’ils étaient intégrés dans un ouvrage portant spécifiquement sur l’enseignement de l’histoire. La prudence est aussi de mise quant à certaines affirmations et généralisations mises de l’avant en relation avec des scénarios d’interactions entre les familles et l’école. Une connaissance plus approfondie des travaux menés au Québec et des formations offertes sur les relations entre l’école et les familles pourrait donner lieu à des recommandations plus originales. Nul doute qu’il s’agit d’un volume qui mérite d’être lu. Les quelques clins d’oeil vers d’autres provinces du Canada et la France piquent la curiosité du lecteur et lui permettent de découvrir d’autres horizons. Selon l’angle privilégié, chacun se sent interpellé et y découvre la complexité du thème relatif à la diversité.
Mc Andrew M., Milot M. et Triki-Yamani A. (dir.) (2010) L’École et la diversité: perspectives comparées. Politiques, programmes et pratiques. Québec, Canada: Presses de l’Université Laval[Notice]
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Rollande Deslandes
Université du Québec à Trois-Rivières