Corps de l’article
La publication en français d’un ouvrage sur la méthodologie de la recherche est toujours une excellente nouvelle. En effet, aujourd’hui encore les chercheurs francophones n’ont pas accès à une très grande variété de tels ouvrages. En ce sens, le livre de Louise Gaudreau vient certainement combler un vide. D’entrée de jeu, il est important de souligner, de l’aveu même de l’auteure, qu’il s’agit d’un ouvrage à caractère beaucoup plus pédagogique que savant. Le livre se décline en neuf chapitres qui nous permettent de jeter un regard panoramique sur un processus classique de recherche. Les trois premiers chapitres sont consacrés à l’identification d’un objet de recherche, à la problématisation et à la construction du cadre théorique ou conceptuel. Les quatre chapitres suivants, quant à eux, amènent le lecteur ou la lectrice à s’intéresser aux considérations méthodologiques inhérentes à un processus de recherche. À titre d’exemple, l’auteure nous présente les principaux types de devis de recherche utilisés en éducation, les différents types d’échantillons qu’il est possible de constituer (probabiliste, non probabiliste). Elle aborde également la question de l’instrumentation, autant dans une perspective plus qualitative (entretien, groupe de discussion, etc.) que quantitative (questionnaire, test, etc.). Enfin, les deux derniers chapitres présentent une introduction à l’analyse de données qualitatives et à l’analyse de données quantitatives.
Comme nous le mentionnons dans le paragraphe précédent, il s’agit d’un ouvrage à caractère résolument pédagogique. L’auteure prend d’ailleurs bien soin de nous préciser que son travail représente le point culminant de plusieurs années d’enseignement en méthodologie. Le pari de l’auteure de nous présenter un ouvrage pratique, abondamment illustré d’exemples concrets tirés de sa recherche ou d’autres recherches pertinentes, est donc gagné. À titre d’exemple, l’auteure ne se contente pas de nous parler du protocole d’entrevue, mais elle en profite pour nous en présenter un exemple concret déjà utilisé dans une véritable recherche. Cette initiative fait en sorte de rendre la compréhension des concepts, techniques ou méthodes plus facilement digeste, surtout pour des personnes qui font leurs premiers pas en recherche comme les étudiants à la maîtrise.
Réaliser une recherche scientifique en éducation n’est pas simple. Se mettre en projet d’en expliquer les fondements dans un livre de moins de 300 pages ne peut faire autrement que de laisser le lecteur ou la lectrice sur sa faim à quelques endroits. En effet, certains concepts ou idées présentés manquent parfois des nuances nécessaires pour mieux comprendre. À titre d’exemple, les sections sur les hypothèses statistiques (ex. : accepter H0 [sic]) au chapitre 2 ou la section sur les échelles de mesure au chapitre 4 mériteraient d’être amendées ou corrigées, car dans l’état actuel, elles peuvent produire de mauvaises interprétations de ces concepts. En conclusion, cet ouvrage devrait faire partie des lectures obligatoires pour tous ceux et celles qui débutent à la maîtrise. Cependant, la pertinence en est peut-être un peu moins assurée pour les autres chercheurs.