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L’équipe de recherche Parcours, de l’Université du Québec à Montréal, a cherché à comprendre la contribution des organismes communautaires de lutte contre le décrochage scolaire (OCLD). L’originalité de cette recherche qualitative s’appuie sur des trajectoires de vie en donnant la parole à des jeunes, des intervenants, des enseignants et des directions d’organismes communautaires de lutte contre le décrochage scolaire afin de mieux saisir la dynamique de jeunes adultes accompagnés dans ce type de ressource et le rôle des adultes accompagnateurs. L’étude permet de dégager les éléments défavorables et favorables à un retour éventuel à l’école. Trois de ces organismes, situés en milieu urbain, semi-urbain et milieu rural, ont fait l’objet d’une investigation en profondeur afin de témoigner d’une réalité diversifiée et complexe.
L’ouvrage se divise en trois parties. La première expose les outils de cette recherche qualitative, le cadre de référence, basé sur une approche globale et clinique des parcours de vie et de lutte contre le décrochage scolaire, ainsi que les choix méthodologiques pour sélectionner les trois organismes et les participants. Dans la deuxième partie sont décrits chaque organisme et les interactions entre les principaux acteurs en présence, c’est-à-dire les jeunes apprenants et les adultes accompagnateurs. La troisième partie, la plus intéressante à notre avis, présente une analyse du parcours des jeunes et leur accompagnement en relevant les facteurs personnels, familiaux, scolaires et sociaux qui ont influencé le décrochage ainsi qu’une analyse de l’apport du milieu communautaire pour contrer ce problème. Divers types d’accompagnement basés sur la relation, la formation et la concertation sont également explicités. Les données présentées mettent l’accent sur l’importance des organismes communautaires de lutte contre le décrochage scolaire comme milieux de vie propices à créer des relations significatives à partir de règles partagées. Cette relation de confiance entre les jeunes et les adultes accompagnateurs représente un des éléments déterminants mis en exergue pour redonner le goût d’apprendre quand il est jumelé à des méthodes pédagogiques personnalisées et variées. Le lecteur peut en venir à se demander pour quelle raison le réseau institutionnel ne met pas plus d’énergie à ces niveaux afin de prévenir le décrochage. Les retombées de l’accompagnement fourni par ces organismes touchent des dimensions personnelles, scolaires, professionnelles et sociales. La conclusion met en évidence la contribution majeure des organismes communautaires de lutte contre le décrochage scolaire comme ressources complémentaires au réseau institutionnel.
En résumé, cette étude présente une démarche rigoureuse et des éléments d’analyse et d’intervention novatrice susceptibles d’intéresser toutes les personnes qui veulent mieux comprendre et agir face au décrochage scolaire. La lecture de ce livre donne envie de pousser plus loin la réflexion et l’action vis-à-vis de ce problème, ce qui en soi mérite d’être souligné. Plus d’informations et un regard critique auraient été souhaitables concernant la manière dont de tels organismes construisent et appliquent les règles de vie et exercent l’autorité pour créer un climat démocratique. On aurait pu également tenter d’expliquer pourquoi le terme de décrochage scolaire a progressivement été remplacé par des mots tels que le raccrochage, la persévérance ou la réussite scolaire ? Quels enjeux y a-t-il derrière cette sémantique ? Un livre ne peut cependant tout traiter.