Gueudet, G. et Trouche, L. (2010). Ressources vives : le travail documentaire des professeurs en mathématiques. Rennes, France : Presses universitaires de Rennes

Réalisé sous la direction de Ghislaine Gueudet et de Luc Trouche, ce collectif traite du travail documentaire effectué principalement par des professeurs qui oeuvrent dans le domaine des mathématiques. Le travail documentaire est présenté au coeur de l’activité professionnelle des professeurs, et il est considéré non seulement comme le moteur du développement professionnel, mais également comme le moteur des genèses professionnelles indispensables à l’évolution de la profession enseignante. Le collectif propose une approche documentaire du didactique pour étudier la genèse du travail documentaire des professeurs en mathématiques. Le volume comprend 18 chapitres, dont une préface de Michèle Artigue ainsi qu’une introduction et une conclusion rédigées par les responsables du collectif. Le livre s’organise en quatre parties. La première partie vise à définir ce que sont les ressources du professeur de mathématiques d’un point de vue pratique, méthodologique ou théorique. La deuxième partie concerne la dimension collective de la documentation des professeurs. Dans la troisième, les auteurs apportent un éclairage sur le travail documentaire des professeurs utilisé comme ressources curriculaires dans les pratiques professionnelles. Enfin, la dernière partie porte sur l’action didactique qui se dégage du travail documentaire du professeur.

Les auteurs du collectif établissent de nombreux liens entre les chapitres pour bien éclairer le lectorat sur ce qu’est une approche documentaire du didactique. La plupart des auteurs précisent les points de convergence et de divergence entre leurs travaux et citent explicitement les chapitres ciblés par leur propos. En ce qui concerne l’aspect documentaire, le collectif réussit pleinement à montrer la pertinence d’étudier les ressources vives du travail documentaire des professeurs de mathématiques pour assurer le développement des pratiques professionnelles de ces derniers. Entre autres, les chapitres 3 et 7 rédigés par Ghislaine Gueudet et Luc Trouche aident grandement à comprendre l’approche documentaire en en expliquant de manière détaillée les concepts élémentaires. Il reste que l’approche documentaire prend sa source dans de nombreuses théories françaises, notamment dans l’approche instrumentale élaborée par Rabardel (1995) en ergonomie cognitive et dans des travaux de Guin et Trouche (2002) en didactique des mathématiques, ce qui rend plus difficiles la compréhension et l’application de cette approche pour celui ou celle à qui ces théories ne sont pas familières.

En ce qui concerne l’aspect didactique, le collectif ne réussit pas à montrer l’efficacité du travail documentaire sur l’apprentissage des élèves. Dans cette publication, il manque toute la partie relevant des élèves. Les auteurs qui dirigent le collectif reconnaissent d’ailleurs cette lacune dans leur conclusion. Il faut toutefois mentionner la grande qualité des analyses documentaires qui sont offertes dans la quatrième partie du collectif pour montrer l’importance du travail documentaire sur les pratiques enseignantes.

Cet ouvrage est particulièrement utile pour les chercheurs et les formateurs oeuvrant dans le domaine de la didactique des mathématiques. Il donne des pistes intéressantes pour la recherche sur le développement professionnel à travers le travail documentaire des professeurs de mathématiques.