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Tout en suggérant des clés de compréhension et d’action, ce collectif présente les interrogations sur les conditions d’une morale laïque pour aujourd’hui. Dans un premier temps, l’ouvrage cherche à établir les liens entre l’école et la morale laïque, pour ensuite proposer les nouvelles questions et les nouveaux enjeux concernant cette dernière. Les liens entre la morale laïque et l’école sont présentés à travers quatre articles plutôt historiques sur l’éducation morale laïque en France et en Belgique. Cette démarche, fort intéressante d’ailleurs, permet de comprendre l’évolution de la problématique dans le temps et, de ce fait, comprendre le point de vue des auteurs. Tout en partant des aspects historiques, l’ouvrage dans sa deuxième partie fait état de la question sur la morale laïque aujourd’hui. Ainsi, la question sur la crise de la laïcité sert de point d’ancrage pour propulser le lecteur vers une compréhension des enjeux de la morale humanitaire, sans négliger pour autant d’autres aspects comme la portée des signes d’appartenance religieuse à l’école, l’enseignement du fait religieux et l’éducation à la citoyenneté.
Un élément clé dans la compréhension du développement de la laïcité est l’école. Elle apparaît à la fois comme un espace social à conquérir et à coloniser, car il est impossible de promouvoir les valeurs laïques sans dompter cet espace qui s’avère essentiel pour assurer la pérennité de la laïcité dans la société. Ainsi perçue, l’école devient un lieu de luttes profondes, non seulement d’ordre politique, mais aussi un lieu de débats épistémologiques tentant de définir la place de la laïcité à l’école et de cette dernière dans une société laïque. Tel qu’il est présenté dans le collectif, il semble qu’il s’agit d’un débat sans fin, car il s’enrichit et se développe au fur et à mesure que la société évolue. C’est pourquoi à la suite de tout changement significatif dans la société, la question de la laïcité fait surface dans la société française. Il est important de souligner aussi qu’avec l’édition de cet ouvrage, Laurence Loeffel cherche manifestement à combler un manque, car dans l’ensemble des publications portant sur la laïcité, les ouvrages consacrés à la morale laïque sont peu nombreux et encore plus rares sont ceux qui établissent un lien direct avec le milieu scolaire.
Bien que l’ouvrage soit d’une grande importance pour comprendre le phénomène en France, il aurait été intéressant d’avoir un éventail plus élargi de situations comme celle de la Belgique qui a été l’objet d’un article apportant d’autres éclaircissements sur le sujet à travers l’utilisation des nouveaux concepts comme celui de la laïcisation de la laïcité. Je remarque aussi que la question sur la morale laïque n’est pas traitée du point de vue de la construction identitaire, aspect qui est tout simplement effleuré dans l’article de Joël Roman, mais à mes yeux, il constitue un élément clé pour mieux comprendre le sujet abordé. Je crois qu’une telle approche pourrait donner une vue plus globale de la problématique, mais cela n’est pas simple lorsqu’il s’agit d’un collectif.