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Depuis longtemps, la problématique de l’efficience de la compréhension en lecture chez les élèves ne cesse de susciter l’intérêt des chercheurs et des praticiens pédagogues. À nouveau, un ouvrage se penche sur le sujet en oscillant précisé-ment entre ces deux pôles (qu’on souhaite) complémentaires : la recherche et la pratique.
Précisons d’emblée que l’auteur de Comprendre des textesécrits ne prétend pas dresser un tour d’horizon exhaustif des résultats de la recherche en compréhension en lecture ; il effectue, au contraire, un rappel plutôt rapide de faits saillants inscrits dans une perspective foncièrement francophone. En raison de ce choix, on pourra regretter, au passage, la très mince présence des innombrables travaux anglo-saxons sur ces questions. Grosso modo, y sont donc rappelés avec plus ou moins d’expansion : 1) quelques tenants et aboutissants des […] débats [qui] ont fait rage autour de la question des méthodes d’enseignement de la lecture […] et qui ont pris une tournure résolument politique (p. 4), donc un certain état des lieux, aussi morcelé soit-il ; 2) plusieurs principes qui reçoivent depuis longtemps l’approbation de la majorité des spécialistes concernés (en voici un exemple assez éloquent : […] nous disons simplement qu’il est indispensable de savoir bien identifier les mots pour comprendre un texte, mais que cette capacité est loin de suffire, et qu’il ne suffit (sic) donc pas de bien avoir appris à déchiffrer pour bien lire !, p. 10) ; bref, des propositions plutôt familières pour apprendre à comprendre (p. 73) ; 3) une suite dense d’activités et d’illustrations pratiques susceptibles de guider apprenants et maîtres à l’occasion des interventions scolaires en interprétation des textes écrits ; autrement dit, des pistes de travail concrètes et éprouvées, ce qui n’est surtout pas sans intérêt, en compréhension en lecture.
D’un point de vue plus critique, mentionnons d’abord que l’auteur de Comprendre des textes écrits s’appuie avant tout sur cette synthèse qu’il effectue des importants travaux de la Québécoise J. Giasson (eux-mêmes… synthétiques, dans la mesure où Giasson a réussi à transposer dans le monde francophone les principaux constats théoriques et pragmatiques issus de la recherche mondiale en compréhension en lecture). Le lecteur universitaire, nécessairement, y perd au change, ce qui n’est pas le cas du praticien. Ce dernier se voit offrir, dans cet ouvrage, des occasions diversifiées et rigoureuses, du moins sur papier et sur…cédérom (un didacticiel digne d’intérêt accompagne effectivement l’ouvrage), de mettre à l’épreuve, auprès de ses élèves, différentes stratégies et composantes de la compréhension en lecture : inférences, rappels de récit, résumés, motivation, etc. Saluons donc cette préoccupation terrain de tous les instants, souci qui culmine d’ailleurs dans la troisième partie, où deux chapitres entiers sont consacrés à l’intervention directe en lecture. Enfin, l’auteur propose une avenue novatrice pour aborder la question de la compréhension des textes littéraires : l’usage du débat interprétatif. Audacieuse, fondée et articulée, cette perspective semble des plus porteuses, mais elle gagnerait sans doute à être mieux développée dans une monographie qui lui serait consacrée. Ici, elle se fond dans la masse d’informations consacrées surtout au texte informatif.
En résumé, rien de nouveau sous le soleil pour les chercheurs à la fine pointe en matière de compréhension en lecture, mais un coffre à outils vraisemblablement efficace pour les maîtres en formation ou en pratique et autres orthopédagogues.