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Cet ouvrage regroupe neuf chapitres, rédigés par 19 auteurs, sur la question de l’argumentation en classe de sciences. Plus particulièrement, les auteurs s’intéressent à la manière dont les élèves et les enseignants gèrent cette compétence en classe. La diversité des problématiques abordées dans les différents chapitres reflète le caractère multidimentionnel des pratiques de classe. En effet, les rôles de l’argumentation et du débat dans l’apprentissage scientifique sont traités sous différents angles : l’apprentissage des pratiques épistémiques, particulièrement l’appropriation de critères d’évaluation des savoirs et des méthodes scientifiques ; l’élaboration de problèmes d’ordre scientifique, la problématisation, tout en favorisant la mise en relation des savoirs scientifiques et des savoirs de sens commun, d’une part, et des référents empiriques et des référents théoriques, d’autre part ; l’introduction au débat socio-scientifique que nécessite le traitement de certaines questions qui véhiculent des enjeux sociaux ; le recours aux faits pour soutenir le discours scientifique ; la prise en considération des expressions langagières (orales et écrites) dans le processus de construction des savoirs et de leur présentation aux pairs ; etc.
Un des apports importants de l’ouvrage est le fait qu’à travers la question de l’argumentation, les auteurs rappellent les principaux fondements des apprentissages scientifiques scolaires, en s’intéressant à deux principales questions : Quoi enseigner et Comment ?
Au regard du quoi enseigner, si certains auteurs rappellent le rôle de l’argumentation dans l’apprentissage conceptuel, d’autres mettent l’accent sur la problématisation et sur les démarches de production et de validation de faits, qui renvoient aux démarches à caractère scientifique. Outre ces aspects qui touchent l’apprentissage de la structure disciplinaire, d’autres auteurs rappellent l’importance de la prise en considération des dimensions épistémologiques et sociologiques des sciences scolaires, à savoir la nature des sciences et du travail des scientifiques ainsi que les relations multiples et complexes entre les sciences et la société.
Au regard du comment enseigner, les exemples retenus par les auteurs pour illustrer les pratiques de classe abordent de manière opérationnelle les fondements constructivistes. Pour les auteurs, avec l’argumentation, le savoir n’a de légitimité que par le fait qu’il soit en mesure d’être prouvé. Du coup, les élèves n’ont d’autres choix que de s’engager, avec les enseignants et avec les pairs, dans des pratiques discursives, appuyées par des faits, et fondatrices des savoirs.
Notons, par ailleurs, que les auteurs ne veulent pas nous vendre l’argumentation à tout prix : Il ne suffit pas d’argumenter pour apprendre, souligne-t-on en préface de l’ouvrage. Certains d’entre eux rappellent d’ailleurs les obstacles et les dérives possibles liés au recours à l’argumentation en classe.
S’il faut trouver des limites à cet ouvrage, nous devons regretter l’implicite méthodologique qui caractérise plusieurs chapitres, particulièrement le manque de clarification des liens entre les aspects théoriques et les choix méthodologiques qui concernent, entre autres, les techniques de recueil et d’analyse des données.