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Conçus pour initier des enfants à la lecture, ces deux ouvrages complémentaires s’adressent explicitement aux parents. Les premières de couverture, des photos en noir et blanc présentant des enfants en pleine lecture, misent sur des scènes rétro en cohérence avec la volonté de mettre de l’avant une méthode traditionnelle qui a fait ses preuves à travers les années, selon la 4e de couverture.
La méthode consiste en 59 leçons, le plus souvent articulées autour de la valeur phonémique d’une lettre. Dix courts textes et un alphabet présentant trois allographes (scripte, majuscule, cursive) complètent l’ouvrage. Le principe du classement des leçons est de partir du plus simple vers le plus complexe. Ainsi, les premières consonnes proposées sont le v et le j, lettres qui sont toujours prononcées en français, qui ne se doublent pas, dont la réalisation sonore ne varie pas et qui correspondent à des phonèmes fricatifs, c’est-à-dire qui peuvent être prolongés (ce qui est d’ailleurs précisé dans de précieux commentaires aux parents). Ce classement ne repose donc pas sur la fréquence des phonèmes du français comme le conseillent plusieurs linguistes [dont Catach, N. (1995). L’orthographe française : traité théorique et pratique. Paris, France : Nathan-Université.], puisque les consonnes l et r, les plus fréquentes, ne sont pas les premières proposées. Mis à part les premières leçons relatives à des voyelles simples qui ne sont pas présentées dans le cadre de syllabes combinées, les autres leçons présentent une structure similaire ; on y voit : les lettres de la leçon sous la forme des trois allographes ; des syllabes avec la lettre de la leçon en écriture scripte et cursive ; des mots contenant, en plus de la lettre de la leçon, des lettres et syllabes déjà apprises (les rares lettres muettes sont en gris) ; des phrases (selon le même principe que les mots), dont une écrite également en cursive avec une incitation à la copie ; une révision de syllabes déjà étudiées et des informations destinées aux parents. Le cahier suit la progression de la méthode en proposant une variété d’exercices de lecture et d’écriture. Il serait très long d’énumérer et de discuter de chacun des exercices proposés ; néanmoins, ils visent clairement à soutenir l’automatisation des processus par la répétition.
Dans l’ensemble, les ouvrages sont très soigneusement réalisés, même s’ils ne reflètent pas le consensus scientifique selon lequel il est essentiel de travailler la reconnaissance des mots par la combinaison de stratégies [Hall, K. (2003). Effective literacy teaching in the early years of school. Dans N. Hall, J. Larson et J. Marsh (Dir.) : Handbook of Early Childhood Literacy. London, United Kingdom : Sage.]. Il convient de rappeler qu’il s’agit d’un outil destiné aux parents et non aux enseignants et qu’il peut leur permettre de soutenir leur enfant au niveau graphophonologique, ce qui est très important pour l’appropriation de la langue écrite par celui-ci. Par contre, on peut se questionner à propos de l’introduction de la cursive dans l’outil, puisqu’en contexte québécois, l’enseignement de celle-ci débute le plus souvent en 2e année. Enfin, habituellement dans les ouvrages qui misent, comme celui-ci, sur la découverte du code dans une perspective progressive, les textes proposés sont d’une pauvreté désolante, puisque les mots sont sélectionnés en fonction des graphèmes qui ont été étudiés. Or, dans cet outil, les dix petits textes que l’on retrouve à la fin de la méthode sont très judicieusement choisis. On y retrouve notamment des textes d’Henriette Major et des textes du patrimoine littéraire comme un extrait du Roman de Renard. Miser sur des classiques est, là encore, un choix en parfaite cohérence avec le côté rétro de l’ouvrage.