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Ainsi que l’indique son titre, le volume se présente comme une suite, le second volet du travail entrepris par le groupe de recherche Espaces culturels francophones de Colombie-Britannique, qui publiait Espaces culturels I en 2004. Y sont réunis dix articles portant sur diverses manifestations de la culture d’expression française dans l’Extrême-Ouest canadien depuis ses origines.
Le cadre théorique des études culturelles autorise l’examen de documents variés : de la presse écrite à la télévision, des statistiques à la littérature. La chronologie a servi de principe organisateur au recueil, permettant d’évaluer les phénomènes dans leur lente progression (p. 10). Le volume se répartit également en fonction d’études historiques et d’analyses de la situation récente ou actuelle. L’article inaugural de Cambron retrace la brève existence du journal Le Courrier de la Nouvelle-Calédonie, fondé à Victoria en 1858 : rêve d’espace public et d’urbanité dans un pays de chercheurs d’or. Deux articles présentent l’analyse des récits de voyages dans l’Ouest canadien, émanant de visiteurs québécois ou européens. Zecher suit le parcours du baron Hulot, géographe français, d’Honoré Beaugrand, maire de Montréal, et du marquis de Lévis-Mirepoix, descendant du héros fondateur, au moment où l’achèvement du Canadien Pacifique rend l’Ouest accessible à des voyageurs aisés. Gauvin compare un récit de la même période, signé par Adolphe-Basile Routhier, et une relation de 1925 rédigée par Olivier Maurault, recteur de l’Université de Montréal. Les études de Beaudoin et de Poirier portent sur la représentation de l’Ouest canadien dans l’oeuvre de l’anthropologue Marius Barbeau et problématisent son appartenance à l’espace culturel francophone. Si ces représentations de la Colombie-Britannique ont toutes le rêve en partage, le lecteur perd parfois de vue le propos du recueil, tant les textes analysés portent plus sur la nature, le progrès, l’évangélisation, la culture des Premières Nations ou l’immigration chinoise, que sur la langue française.
Les articles de la seconde moitié du recueil visent à circonscrire plus précisément les espaces culturels aux xxe et xxie siècles. On y examine l’apport des médias francophones : presse écrite et télévision (Viswanathan), ainsi que radio (Merler). Guilbault nuance et interprète les statistiques officielles sur les langues parlées en Colombie-Britannique ; il souligne le rôle crucial des écoles d’immersion, souvent vues comme un curriculum de prestige, dans la constitution d’un nouvel espace francophone. Les deux dernières contributions portent sur la littérature. Kellet-Betsos présente un panorama de la nouvelle, genre actuellement dominant dans une institution littéraire en émergence. Sing dialogue avec Ying Chen, installée à Vancouver après une expérience montréalaise, et évoque le parcours de Marguerite Primeau, figure emblématique de la littérature britanno-colombienne en français.
Des notices bio-bibliographiques auraient permis de mieux situer les auteurs du collectif. Au total, une lecture stimulante, qui fournit de précieuses informations sur l’histoire, mais surtout sur le possible avenir du français en Colombie-Britannique, cette fleur fragile qui ne meurt pas, comme le formule Ying Chen (236). Saluons aussi le travail de Malette et de l’équipe des Éditions David qui, en plus d’accomplir un remarquable travail de promotion des francophonies canadiennes, offrent des ouvrages à la présentation impeccable.