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Conscience du plurilinguisme. Pratiques, représentations et interventions est un ouvrage collectif coordonné par Candelier, Ioannitou, Omer et Vasseur, qui réunit seize textes d’auteurs d’horizons divers (France, Portugal, Angleterre, Irlande, Belgique, Suisse, Luxembourg, Allemagne, Madagascar, Espagne, Japon) à propos de l’expérience vécue et déclarée du plurilinguisme ordinaire. Organisé en deux parties majeures articulées par la notion de représentations, l’ouvrage aborde la question de la conscience linguistique, d’abord par l’angle des pratiques langagières que les locuteurs plurilingues déclarent mettre en oeuvre dans différents contextes, puis par celui des interventions menées sur le terrain éducatif pour prendre en compte ces plurilinguismes.
Par delà l’hétérogénéité des textes, des expériences rapportées et des positionnements des différents auteurs, se dégagent trois axes d’intérêt qui font le mérite de l’ouvrage. Le premier a trait à la notion centrale qui traverse les contributions réunies. Entendue au sens de capacité des sujets à exercer une activité réflexive sur le langage et les langues, la conscience linguistique repose sur les étroites relations qu’entretiennent les représentations (socio)linguistiques des locuteurs et les compétences langagières qu’ils mobilisent. Mais quel rôle accorder à celle-ci dans les apprentissages linguistiques et disciplinaires à l’école ?
C’est cette question qui sous-tend le second point d’intérêt de l’ouvrage. Les diverses prises en compte des plurilinguismes individuels dans les nombreuses approches didactiques présentées s’inscrivent dans une conception holistique et humaniste de la pratique pédagogique innovante. À partir de l’étude de la verbalisation, par les acteurs eux-mêmes, des enjeux scolaires et sociaux, les représentations ordinaires du plurilinguisme sont confrontées au projet éducatif des institutions scolaires. Plaidant pour une didactique intégrée et contextualisée du plurilinguisme, les contributions engagent alors une discussion qui constitue le dernier point saillant de l’ouvrage : le rôle de la recherche dans le débat sur l’éducation au plurilinguisme.
En effet, l’ouvrage permet de s’interroger sur les implications des pratiques de recherche (qualitatives, écologiques et ethnographiques) en matière de politiques éducatives. En pointant explicitement les noeuds et tensions, les points d’achoppement et de ruptures, mais aussi les complicités et reconnaissances mutuelles, les auteurs invitent tout acteur de l’intervention pédagogique à se positionner au regard des enjeux (langagiers, politiques, sociaux) que toute démarche - ou intervention - appelle. De ce dialogue entre recherche et terrain, entre pratiques et représentations, entre représentations et interventions, émerge une compréhension nouvelle des fonctionnements langagiers plurilingues, et du potentiel qu’ils présentent pour l’enseignement/apprentissage des langues en contexte institutionnel formel. Les questions auxquelles l’ouvrage nous invite, et qui contribuent à la pertinence de ce dernier pour qui s’intéresse à la construction de sociétés linguistiquement et culturellement pluralistes, tendent toutes, au final, vers une acceptation positive de la diversité.