Recherches en didactique des disciplinesResearch on curriculum and instruction in subject areasInvestigación en didáctica de las disciplinas[Notice]

  • Monique Noël-Gaudreault,
  • Sébastien Béland et
  • Geneviève Falaise

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  • Monique Noël-Gaudreault
    Professeure, Université de Montréal

  • Sébastien Béland
    Étudiant au doctorat, Université du Québec à Montréal

  • Geneviève Falaise
    Étudiante à la maîtrise, Université de Montréal

Depuis l’Antiquité, l’éducation constitue un défi permanent pour les penseurs. D’entrée de jeu, il semble impossible de ne pas remarquer le flou sémantique qui entoure la plupart des concepts en éducation (Hameline, 2005 ; Van Zenten, 2008). À commencer par le terme d’éducation lui-même : d’un point de vue étymologique, educare laisse entendre que le maître doit accompagner l’apprenant, alors que le terme educere sous-entend plutôt une rupture avec ce dernier dans le but de lui permettre de s’émanciper (Van der Maren, 2003, p. 218). Quoi qu’il en soit, les chercheurs observent une absence de consensus dans le domaine des sciences de l’éducation, perçues comme dynamiques, mais mouvantes et en éternelle mutation, parce que les disciplines qui les constituent évoluent et que de multiples objets d’étude les caractérisent (Jonnaert, Vander Borght, Defise, Debeurme et Sinotte, 2009, p. 47). Selon Vigarello (2005, p. 910), les sciences de l’éducation focalisent essentiellement sur trois axes : les phénomènes macro-éducatifs, les phénomènes micro-éducatifs et la didactique des disciplines. De leur côté, Longhi, Longhi et Longhi (2009, p. 569) ajoutent un quatrième axe plus général qui concerne, entre autres, la pédagogie et le lien entre théorie et pratique. Comme en témoignent les thématiques des numéros de la Revue des sciences de l’éducation parus depuis 1975, nombreux sont les champs d’études des sciences de l’éducation. Par exemple, celles-ci touchent des sujets aussi variés que l’élève à risque, les transformations de l’Université, les classes à niveaux multiples, l’approche culturelle, la motivation ou encore les politiques d’éducation… Cependant, en réponse à une demande sociale, une constante demeure : de près ou de loin, il y est question d’enseignement ou d’apprentissage avec, pour horizon, la réussite de l’élève. En effet, malgré le caractère complexe, inévitablement réfutable de toute […] modélisation scientifique qui tente de traiter du vivant social (Lerbet, 1989, p. 55), à l’intérieur des sciences de l’éducation, les chercheurs en didactique essaient de décrire, avec le plus de précision possible, les savoirs et savoir-faire spécifiques à chaque discipline, ainsi que l’interaction entre les recherches et les pratiques d’enseignement et d’apprentissage (Reuter, 2008, p. 212 ; Reuter, Cohen-Azria, Daunay, Delcambre-Derville et Lahanier-Reuter, 2007, p. 69). Tout cela, dans le but ultime d’améliorer la pratique de l’enseignant. Par le fait même, on pourrait aller jusqu’à dire qu’ils empiètent sur le terrain de la pédagogie (Marchive, 2008, p. 68). De son côté, la didactique est un champ d’études relativement nouveau (Raisky et Caillot, 1996). Les savoirs qu’elle convoque apparaissent multidisciplinaires, sélectionnés et organisés en fonction de leur objet d’étude, et elle concerne en priorité la structuration et la gestion des contenus à l’intérieur d’une discipline scolaire donnée : le français, les mathématiques, les sciences, l’éducation physique, la musique, et d’autres encore. À partir de disciplines-sources, dites contributoires, comme l’épistémologie, la sociologie, la psychologie, la philosophie, les sciences de l’éducation, la linguistique, la littérature, etc. (Simard, 1997), les chercheurs en didactique visent à définir les connaissances à enseigner dans les disciplines scolaires. À ce propos, mentionnons que le terme discipline désigne la structuration (toujours renouvelable) d’un ensemble de contenus, de dispositifs, de pratiques, d’outils, et cela dans le but de faire apprendre les élèves (Reuter et Lahanier-Reuter, 2007, p. 85). Instables et en transformation constante, les connaissances qui constituent les contenus à enseigner restent toujours à actualiser (Jonnaert et Laurin, 2003). Visées praxéologique et épistémique de la didactique s’avèrent donc indissociables : mieux comprendre et mieux connaître le champ disciplinaire permettrait en effet, idéalement, d’agir sur ce dernier. Cependant, on peut considérer comme un obstacle ou comme une richesse l’hétérogénéité des objets d’étude, des concepts et des cadres …

Parties annexes