Les auteurs de cet ouvrage avaient tout un défi à relever, soit de définir, de caractériser et d’identifier les limites d’un phénomène tout récent, celui des communautés virtuelles. Parmi les multiples définitions associées à ce phénomène, ils ont retenu un dénominateur commun : la participation. La participation des membres à ces communautés virtuelles, les contributeurs, s’effectue à partir d’une interface qui permet de traiter et de traduire les informations et les idées véhiculées. Ces interfaces sont des dispositifs qui relient les humains à la machine et permettent des interactions sociales médiatisées constituant une nouvelle façon d’interagir et qui s’avèrent de plus en plus proches des communications réalisées en face-à-face. Ainsi, dans ces environnements informatisés, les participants cherchent-ils non seulement à partager des informations et des idées, mais aussi à s’influencer mutuellement (l’idée de l’empathie des points de vue de l’autre serait une caractéristique importante), à négocier des consensus, renforçant l’idée d’appartenance à un groupe. Cette notion de communauté virtuelle serait apparue dans les années 1980, autour d’un babillard électronique, WELL (le Whole Earth ’Lectronic Link) et qui a rallié quantité d’internautes, la plupart américains. Ce phénomène a engendré une multitude d’autres environnements qui se sont regroupés sous différentes appellations comme les communautés de pratique, d’intérêt ou d’apprentissage. Qu’elles soient circonstancielles, d’affaires ou militantes, les auteurs s’entendent pour affirmer que ces communautés virtuelles affranchissent les activités humaines des contraintes de la matière, de l’espace et du temps, et que le ciment qui les unit est le savoir qu’on souhaite partager. Que les contributeurs à ces communautés virtuelles soient occasionnels ou fréquents n’aurait pas d’importance : les rapprochements réalisés par l’entremise d’Internet favoriseraient la socialisation, le soutien et l’appartenance à un groupe. Des études soulignent à cet égard que loin d’isoler les individus, Internet favorise des rapprochements : ainsi en est-il de cette étude de chercheurs torontois qui en arrive à la conclusion que les individus branchés à la haute vitesse connaissent trois fois plus de voisins que leurs vis-à-vis qui ne le sont pas, qu’ils discutent deux fois plus entre eux et qu’ils leur rendent 1,5 plus de visites ! Les auteurs se sont aussi penchés sur les limites ou les contraintes auxquelles doivent faire face les membres des communautés virtuelles, et qui sont d’ordre familial, religieux et ethnoculturel, contraintes qu’ils jugent archaïques (dans la durée) et qui ont toujours pesé sur les communautés humaines. Les communautés virtuelles réussiront-elles à s’affranchir de ces contraintes ? Les auteurs ne se sont pas avancés sur ce terrain mouvant. Enfin, les auteurs ont fait valoir dans leur ouvrage que les communautés virtuelles constituent un tout nouveau champ d’étude qui est exploré tant par les sociologues que les pédagogues, les informaticiens ou les spécialistes des sciences humaines. Avec tout le phénomène des blogues et wikis, l’intérêt de la communauté scientifique pour ces questions ne saurait diminuer !
Proulx, S., Poissant, L. et Sénécal, M. (2006). Communautés virtuelles : penser et agir en réseau. Québec, Québec : Presses de l’Université Laval.[Notice]
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Luc Guay
Université de Sherbrooke