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Cet ouvrage présente un regard panoramique sur la problématique des parcours des femmes à l’Université. Les onze auteures, provenant d’horizons institutionnels et de contextes culturels différents, partagent l’univers de la communauté universitaire francophone internationale de pays occidentaux, apportent à cet ouvrage une dimension comparative internationale qui permet de saisir les différences selon les pays et de mettre en évidence les similarités des résistances quant aux parcours des femmes dans les universités.
Ce phénomène, qui est traité sous les angles sociologique et comparatif, épistémologique et organisationnel, fournit une grille de lecture pour mieux en comprendre toute la complexité. La démonstration y est faite du caractère dynamique du rapport au savoir de femmes ; ce rapport se constitue très précocement dans la personnalité psycho-familiale, se transformant de façon continue tout au cours des rencontres, positives ou conflictuelles, avec les savoirs scolaires, universitaires et professionnels. Par la suite, on traite des défis et obstacles rencontrés par les femmes pour accéder à un poste régulier à l’université, des similarités et des différences dans leur parcours, tant sous l’angle des modes d’acquisition du bagage de connaissances féministes que sous celui de l’entrée dans la profession. On illustre comment l’institutionnalisation des études féministes a marqué les transformations survenues dans la transmission de ces savoirs. L’analyse de ces parcours fait ressortir à la fois de nombreux points communs et des divergences liées au degré de reconnaissance et de financement des études féministes, lui-même lié à l’instauration de politiques d’égalité des femmes et des hommes.
Le panorama de l’état actuel des processus d’institutionnalisation dans neuf pays, membres de l’Union européenne, met en évidence la nature des liens entre les universités et la société, confirmant ainsi que la façon dont sont structurés les systèmes d’enseignement supérieur et leur degré d’imperméabilité à la demande sociale constituent des facteurs déterminants du développement des études féministes, tout en révélant un certain nombre de dysfonctionnements dans les parcours universitaires qui attestent l’existence d’inégalités entre les femmes et les hommes quant à l’organisation de la carrière. L’étude de la mixité professionnelle et de la relation entre mixité et égalité à l’université tend à confirmer que, là où s’arrête l’exclusion des femmes, se développent des formes plus subtiles de discrimination et de ségrégation, marquées par les cultures disciplinaires et les contextes locaux. On s’interroge aussi sur les causes de la sous-représentation des femmes aux postes universitaires. S’agit-il d’un phénomène structurel lié aux règles qui régissent les promotions à l’université ou de pratiques et stratégies différenciées selon les sexes, instaurées dans la sphère familiale et sociale ?
Cet excellent ouvrage offre une vue d’ensemble de la réalité des femmes dans les institutions universitaires du Québec et du Canada, de la Belgique, de la France et de la Suisse. On y met en évidence, recherches et statistiques à l’appui, les grandes avancées des femmes à l’université, tout en constatant que beaucoup reste à faire pour assurer l’intégration et la participation des femmes à l’organisation du travail et du savoir dans les universités pour leur permettre d’y vivre un parcours personnel et professionnel dans un climat propice, et ce, des études à la carrière universitaire.