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L’éveil à la danse selon une pédagogie éducative et artistique sensibilise les éducateurs et les intervenants oeuvrant auprès des jeunes enfants à la place des intelligences kinesthésique, musicale, spatiale, inter et intra-personnelles à l’école. L’ouvrage présente une réflexion approfondie sur un thème très actuel, c’est-à-dire la relation au corps non seulement dans l’apprentissage de la danse, mais aussi dans le monde de l’éducation.
Dereux critique sévèrement la pédagogie utilisée en danse contemporaine, le courant béhavioriste qui brime, selon l’auteure, le développement global de l’enfant en imposant un savoir, un savoir-faire et un savoir-être. Tandis que la danse, en pédagogie éducative et artistique, vise le développement sensori-moteur de l’enfant en partant de son expérience propre, de ce qu’il sait et aime faire afin de lui ouvrir d’autres horizons de mouvements, de temps et d’espace en l’éveillant à qui diffère de lui, c’est-à-dire aux autres. L’apprentissage de la danse doit être une activité privilégiée d’expression, une activité volontaire qui tend vers l’épanouissement de l’enfant. Dans cette perspective, la relation pédagogique et éducative est essentiellement empathique, composée de langage non verbal où l’attitude de l’adulte, sa manière d’être au présent, de bouger, de parler, vont permettre d’établir un contact et un échange harmonieux. Or, l’essentiel de la fonction d’éveil chez l’enfant est de jouer un rôle d’apprentissage suscitant la découverte non seulement de son ressenti, de ses sentiments et de ses émotions, à travers l’expérience enrichissante de mouvements exploratoires, mais aussi l’expérience de s’ouvrir à la sensibilité des autres. D’ailleurs, Dereux fait un lien intéressant entre l’enfant hyperactif, instable, manifestant des troubles du comportement, et la recherche de la maîtrise de son corps. En favorisant la perception du corps, la danse, en pédagogie éducative et artistique, lui permet de synchroniser ses mouvements au rythme de la musique, de susciter sa curiosité inventive, sa spontanéité et d’exprimer dans le mouvement sa subjectivité d’enfant. Elle lui offre l’opportunité d’être au monde en développant sa conscience de soi et sa présence au monde. Autrement dit, l’enfant dessine lentement son schéma corporel, ce qui lui donne le sentiment d’être de plus en plus précis dans ses gestes, d’être capable d’agir, se réapproprier son corps. Bref, la danse permet à l’enfant d’apprendre à connaître son imaginaire, à connaître la réalité et à faire la distinction entre les deux. L’effet relationnel et le pouvoir expressif de l’art de la danse permettent d’établir une communication entre son monde intérieur coloré de sentiments et d’émotions et le monde dans lequel il évolue.
Le propos de l’auteur est enrichi d’exemples concrets et montre l’essentiel du processus créateur en danse. Les retombées bénéfiques de l’éveil à la danse sur le développement global de l’enfant sont appuyées par de nombreux ouvrages traitant de la danse et de l’art en général. L’ouvrage de Dereux met en évidence que l’art est une activité privilégiée d’expression mais que toute expression n’est pas art. C’est un livre de référence pour tous ceux et celles qui veulent promouvoir le pouvoir expressif, pédagogique et relationnel des arts en général.