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Ce livre constitue en fait les actes du colloque du 2 avril 2004 tenu à Carpentras, en Provence, sur la violence dans les écoles. La majorité des conférenciers étaient des Européens. Cependant, parmi les nombreux conférenciers internationaux, deux Canadiens, tels les Gaulois invincibles, ont tenu le fort ! Il s’agissait des professeurs Yves Lenoir et Jean-Claude Kalubi de l’Université Sherbrooke. La communication de Lenoir porte sur l’éducation à la citoyenneté et celle de Kalubi traite des communautés d’apprentissage en milieu scolaire.
La question de la violence scolaire est examinée sur les plans politique, philosophique, religieux, sociomédiatique et historique, et, à la lecture de ce livre, on peut dire que les Européens ont une histoire derrière eux, puisque certains des conférenciers parlent de réalités très peu contemporaines et citent des auteurs très anciens. Par ailleurs, plusieurs admettent qu’il n’y a pas de savoir universel sur la violence et qu’il ne faut pas la réduire à l’utilisation de la force physique. En effet, ils font référence à des siècles de violences et voient même l’école comme génitrice de plusieurs formes de violence. Il est intéressant aussi de voir que le concept de victimisation n’est pas oublié et que celle-ci crée des difficultés psychologiques chez les personnes qui vivent le school bullying.
Les pluralismes culturel et cultuel viennent beaucoup questionner les penseurs de l’Europe. Certains réfléchissent, par exemple, au fait que les jeunes filles musulmanes veulent porter le voile à l’école et que des élèves juifs refusent de subir des examens lors du sabbat. Toutes ces réalités viennent remettre en doute ce qu’ils appellent l’école républicaine, et certains perçoivent l’école démocratique comme menaçante, car plus l’école est en apparence ouverte au plus grand nombre, plus l’échec scolaire sera perçu comme un sentiment de déshonneur individuel, familial et culturel (p. 22).
Il faut lire ce livre en se rappelant, en novembre 2005, les nuits de violence, de vandalisme et de détresse dans les banlieues européennes, pendant des jours. Il s’agit sûrement d’un grand cri lancé vers la société tout entière sur les réalités des jeunes aculturés. Certes, le livre ne répond pas à ces questions, mais il aide à trouver d’autres questions !
J’ai eu beaucoup de plaisir à lire de vieux textes portant sur la scolarité et la violence dans le monde antique romain. J’ai trouvé drôle une citation du quatrième siècle qui disait : Que le sexe féminin se réunisse en son sein ; qu’il ignore, et même, qu’il redoute, de jouer avec des garçons (p. 216). Quand je pense que des parents, éducateurs et chercheurs se demandent aujourd’hui si ce précepte ne devrait pas être respecté et remis en place dans nos écoles québécoises !
J’ai lu ce livre avec beaucoup d’intérêt. Je ne peux pas dire qu’il s’agit d’un livre passionnant. En effet, le style d’écriture européen est très différent de nos traditions de rédaction d’actes de colloques. Si le livre n’est pas accessible à tout public, il s’avère pertinent pour quelqu’un qui désire avoir une vision différente de la vision états-unienne. Ce livre sera un must, comme le diraient mes amis européens, pour tout étudiant ou chercheur qui désire porter un oeil attentif à la réalité de la violence à l’école.