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Ce collectif regroupe 14 auteurs professeurs d’universités du Québec et d’Angers en France, de même qu’une enseignante, une psychologue et un conseiller pédagogique de la région de la Mauricie. Fondé sur la définition de compétence proposée par LeBoterf, cet ouvrage explore, dans un premier temps, le sentiment d’incompétence, la construction de l’identité personnelle et sociale visitée par la notion de compétence, l’émergence d’une didactique interdisciplinaire et l’importance de favoriser la pensée réflexive chez les apprenants. Dans un second temps, les auteurs explorent les diverses facettes de l’apprentissage scolaire, s’interrogeant en quelque sorte sur les dérives possibles d’un programme par compétences et décrivant différentes manières d’introduire les compétences au sein des disciplines scolaires. Enfin, dans un troisième temps, le concept de compétence est analysé à travers la formation professionnelle des enseignants et en éducation des adultes, en mettant d’une part en exergue les liens entre la reconnaissance et la validation des acquis d’expériences (VAE) et le sentiment de compétence ou d’incompétence, et d’autre part, en analysant les divergences entre le monde du travail, de la famille et de l’éducation. Ces regards multiples et pluriels sur la notion de compétence témoignent ainsi d’un dialogue éclectique dans la mesure où les compétences sont traitées à l’aulne de différentes sphères de recherche en éducation.
Dans une perspective plus spécifique, plusieurs chapitres s’avèrent fort utiles aux futurs enseignants par leur souci de dégager les liens entre l’approche par compétence et les divers éléments de la réforme au Québec. La conclusion de Michel Favre tente de cerner ce qu’apportent les compétences en éducation en référant au modèle de Reboul qui, déjà en 1980, parlait d’une pédagogie de la compétence. De manière plus pointue, les chapitres de Perreaudeau, ainsi que ceux de Lavergne et Toussaint s’articulent autour des compétences au primaire, tandis que ceux de Plessis-Bélair, Sorin et Gaté s’appuient plus particulièrement sur les compétences dans les disciplines. Enfin, d’autres chapitres, dont ceux de Deslandes et Pinte, permettent de situer les compétences en éducation des adultes.
Très agréable à lire et facile d’accès, cet ouvrage permet d’appréhender la notion de compétence au travers des regards parfois peu explorés jusqu’ici. Le lecteur peut également décider de débuter sa lecture par l’un ou l’autre des angles proposés et comparer avec sa propre perception du phénomène étudié. Cependant, si cet ouvrage ouvre sur de multiples perspectives, il témoigne de visions exclusives de la notion de compétence, puisque peu de ces chapitres permettent d’entrevoir des pistes interactives et interdisciplinaires de réflexion au regard des compétences. De fait, l’éclectisme rencontre ici son revers. En parallèle à cette caractéristique, un sentiment d’inconfort s’installe au fur et à mesure de la lecture des chapitres, eu égard à l’absence de distinction qui semble prévaloir entre la notion de compétence et le sentiment de compétence ou d’incompétence d’une personne, deux objets de recherche mobilisant parfois des modes d’intelligibilité particuliers.
En terminant, cet ouvrage a le mérite d’explorer diverses avenues relatives aux compétences dans le monde de l’éducation. Il répond bien à son sous-titre : fonctions et enjeux, et laisse le lecteur déduire ses propres conclusions, alimentées par les angles investis dans les réflexions des auteurs.