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Cet imposant collectif de plus de 80 articles brefs et de près d’une centaine d’auteurs (universitaires, mais aussi enseignants, praticiens et artistes), prolonge un colloque international du Service de l’éducation permanente du ministère de la Communauté française de Wallonie-Bruxelles.
L’ouvrage se subdivise en cinq parties. Le premier chapitre propose l’avènement d’un « développement durable de la culture », centré sur la citoyenneté, afin de renouveler l’espace public. La partie suivante, sur « les enjeux du développement culturel durable », couvre la moitié de l’ouvrage et comprend, entre autres, un texte d’Isabelle Stengers intitulé « Prendre au sérieux la dimension culturelle des sciences et des techniques », dans lequel celle-ci s’interroge sur ce que serait une science « dominée par l’opinion » publique, c’est-à-dire par des « non-scientifiques » (p. 193). Beaucoup plus brève, la troisième partie fait intervenir les « autres politiques de développement », notamment l’économie et la pédagogie. Les textes sur le thème « culture et école » réaffirment la nécessité pour l’école de préparer des citoyens responsables, mais on constate dans les faits que « la réalité semble avoir du mal à se conformer à cette conception idéale » (p. 326). Une solution possible serait de faire appel à des compétences extérieures à l’école, en organisant des rencontres avec des artistes, et à intensifier les activités pédagogiques dans des institutions comme les musées. En misant ainsi sur une pédagogie du projet, ces activités seraient encadrées par les enseignants et gagneraient une dimension plus concrète pour les élèves. La quatrième partie propose des applications pratiques des propositions précédentes, avec des textes sur le financement, le partenariat, le mécénat, entre les institutions scolaires et le monde culturel, tout en réaffirmant, comme l’explique Yves Winkin, « que la culture contemporaine n’est plus seulement la “ culture cultivée ” des politiques culturelles traditionnelles » (p. 420). La dernière partie de l’ouvrage se concentre sur la récente évolution des politiques culturelles de la Belgique, mais lorsqu’il y est question du « déclin de l’État-Providence » et de « l’évolution lente » (p. 480) de l’action culturelle en soi, ne pouvons-nous pas y déceler un malaise et des symptômes qui nous sont trop familiers ? Plusieurs textes examinent les modes d’évaluation de ces politiques culturelles. Coopération, diversification, décloisonnement, démocratisation sont les maîtres mots employés dans les derniers articles, afin de composer avec ce que Rocco Vitali nomme lucidement « les nouveaux lieux de pouvoir » (p. 490).
L’éducation à la citoyenneté reste un domaine de recherche assez nouveau et les publications comme celle-ci ont l’avantage d’offrir de vastes perspectives qui ne manqueront pas d’inspirer enseignants et chercheurs en politiques publiques.
Un précieux index des mots clés indique des dizaines de thèmes (p. 503-507). Ce rapport, accessible sur l’internet (http://www.educperm.cfwb.be/) ou en version sur papier (522 pages).