Corps de l’article
Cet ouvrage est issu d’un colloque qui a eu lieu à l’Université de Montréal en mai 2000 à l’occasion du congrès annuel de l’ACFAS. Son objectif principal est de lever le tabou sur la question de la punition scolaire en permettant de l’examiner au grand jour.
Dès le premier chapitre, le lecteur est confronté à ses propres préjugés face à la punition scolaire. Par son ton direct, affirmatif et parfois provocateur, l’auteur est habile à stimuler la réflexion chez le lecteur et à l’inciter à poursuivre sa lecture afin d’y voir plus clair dans les enjeux sous-jacents à la punition scolaire. Dans les chapitres subséquents, les auteurs abordent plusieurs dimensions de la punition telles que l’historique, les définitions et les formes de punition, le sens de la punition, ses enjeux pédagogiques, la crise de l’autorité, les perceptions des enseignants et le débat entourant la punition scolaire dans d’autres pays.
Cet ouvrage dénonce l’absence de normes qui font consensus au sujet de la punition scolaire, l’abandon par l’enseignant de son pouvoir de sanctionner des comportements inadéquats et la trop grande responsabilisation de l’enfant dans la gestion de son développement affectif et social. Le lecteur découvre aussi que, même si l’on dit qu’on ne punit plus, on continue de le faire, mais de façon plus subtile et plus contraignante pour l’élève. Selon les auteurs, cette situation révèle, en fait, l’existence d’une crise de l’autorité qui sévit dans notre société. Sans militer pour un retour de la punition scolaire telle qu’elle se pratiquait dans le passé, les auteurs semblent favoriser une réévaluation de la punition sous l’angle du rapport politique que l’enseignant devrait établir avec ses élèves.
Les auteurs atteignent leur but : le tabou sur la punition est levé. Ce livre a le mérite de remettre en question des préjugés par rapport au concept de punition, mais il présente une analyse plutôt incomplète des approches non directives en éducation dont l’objectif est l’actualisation de l’enfant à travers un processus de responsabilisation. On en présente une caricature, retenant surtout les dérapages générés par une incompréhension des fondements philosophiques de ces approches.
De façon générale, ce collectif offre un éventail de textes riches et bien documentés. Le ton est direct, l’argumentation est très intéressante, l’écriture est claire et facilement accessible aux chercheurs et praticiens en éducation. Cependant, l’absence d’une introduction présentant les grands thèmes abordés ne permet pas au lecteur d’anticiper les dimensions traitées dans ce collectif, et l’absence de synthèse finale rend plus ardue l’identification précise des principales conclusions auxquelles les auteurs sont parvenus. Enfin, il aurait été souhaitable de retrouver un texte qui donne la parole aux enfants car, après tout, ne sont-ils pas les principaux intéressés ? Malgré ces lacunes, les idées proposées dans cet ouvrage méritent qu’on s’y attarde, car elles lèvent le voile sur un tabou encore plus grand, celui de l’exercice abusif du pouvoir. Ce livre suscitera à coup sûr des discussions animées.