Itinéraires

Être sociologue dans un Québec en constante évolution

  • Céline Saint-Pierre

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Couverture de D’une génération à l’autre., Numéro hors-série, 2024, p. 9-242, Recherches sociographiques

Mon itinéraire sociologique couvre six décennies d’une vie intellectuelle, professionnelle, engagée, et très active. Au cours de cette période, la société québécoise a connu de très grandes transformations cristallisées au départ dans la « Révolution tranquille ». La sociologie y a atteint sa maturité en tant que discipline scientifique et a connu une effervescence notable dans les universités québécoises, alors que le « métier » de sociologue y a trouvé sa légitimité comme profession (Bourdieu, Chamboredon et Passeron, 1968). Je suis née en 1940 à Saint-Hyacinthe, première enfant d’une famille qui en comptera 9, 15 ans plus tard. Mon père en est alors à ses débuts en affaires en tant que concessionnaire de voitures Ford et de machinerie agricole. J’ai fait mes études primaires et mon cours Lettres-Sciences dans un couvent des religieuses de La Présentation de Marie. J’effectuerai les quatre autres années du cours classique au Collège Saint-Maurice et j’y obtiendrai en 1960, le diplôme de baccalauréat ès arts décerné par l’Université de Montréal. J’étais une privilégiée parmi les filles de ma génération, dont la très grande majorité quittait l’école après les études secondaires. Au cours de mes études classiques, je me suis impliquée dans un projet de création d’une troupe de théâtre hors du collège. Passionnée de théâtre, je projette de poursuivre mes études au Conservatoire d’art dramatique de Montréal. Par ailleurs, ma conscience sociale est en plein développement, grâce à mon père, un homme très engagé dans la vie municipale et scolaire, et dans la politique québécoise. À 9-10 ans, je l’accompagnerai le dimanche dans ses visites d’écoles dans la ville et la campagne environnante, et, dès l’âge de 15 ans, je le suivrai dans sa campagne électorale de 1956 où il sera élu député de la circonscription de Saint-Hyacinthe sous la bannière libérale dirigée par Georges-Émile Lapalme. Réélu en 1960, il sera nommé ministre des Travaux publics en 1961 dans le gouvernement majoritaire dirigé par Jean Lesage qui amorcera la Révolution tranquille. J’apprivoise ainsi la vie politique et le rôle de député. Dans ses discours, il est question d’injustice sociale, de mères nécessiteuses, de petites entreprises, de problèmes chez les agriculteurs, d’éducation et d’économie. Je me sens happée par un désir de comprendre toutes ces réalités qui m’entourent. En Philo II, j’assiste au collège à une conférence d’un professeur de géographie humaine de l’Université de Montréal, Marcel Bélanger, et je lui fais part de mon intérêt pour les questions sociales. Il me parle de sociologie et il m’invitera à venir aux « Portes ouvertes » du département de sociologie de l’Université de Montréal, fondé en 1955. J’y ferai la connaissance des professeurs Hubert Guindon, Norbert Lacoste, Jacques Brazeau. Le doyen de la Faculté des Sciences sociales, Philippe Garigue, nous présentera les divers programmes de la Faculté des sciences sociales. Cette journée fut capitale pour moi, je venais de trouver ma voie dans la vie, je serais sociologue. Admise en première année du baccalauréat en sociologie en septembre 1960 avec 13 nouveaux étudiants, j’achèverai mon baccalauréat ès sciences en sociologie en 1962, puis ma maîtrise avec mémoire en septembre 1963. La formation est très structurée et exigeante. Les cours de baccalauréat portent principalement sur les grands courants théoriques de la sociologie américaine, allemande et française; peu de références à la sociologie québécoise encore en développement, sinon aux travaux de Léon Gérin, d’Everett Hugues et de l’École des HEC. La formation est interdisciplinaire et nous sommes introduits à l’économie, l’anthropologie, l’histoire économique et sociale du Québec, la démographie et la psychologie sociale. Les méthodologies et statistiques propres à la sociologie occupent aussi une place importante …

Parties annexes