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La sociologie : une seconde vocation pour la transformation sociale

  • Benoît Lévesque

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Couverture de D’une génération à l’autre., Numéro hors-série, 2024, p. 9-242, Recherches sociographiques

Après avoir terminé la septième année du cours primaire à une école de rang de Saint-Ulric (Matane), j’ai entrepris en 1953 des études de latin et sciences au Collège Saint-Viateur à Montréal. Toutefois, c’est au collège de Matane que je termine les deux années de philosophie du cours classique. Je commence des études en théologie en 1963. Ordonné prêtre en 1967, je suis alors affecté au collège de Matane comme professeur et responsable de la pastorale. Trois années plus tard, alors que je viens d’atteindre 30 ans, je m’inscris à l’Université de Sherbrooke pour une maîtrise en sciences humaines des religions. J’avais choisi ce programme parce que tous les séminaires étaient dispensés par des professeurs renommés du Groupe de sociologie des religions de Paris dont faisait partie Henri Desroche. À la suite d’un travail de session qui portait sur l’utopie de Thomas More (1516) et l’interprétation qu’en donne Karl Kautsky (1888), Henri Desroche me propose de m’inscrire à l’École Pratique des Hautes Études (VIe section : sciences économiques et sociales). À cette époque, j’ai décidé de quitter la congrégation religieuse dont j’étais membre. Après avoir défendu mon mémoire de maîtrise, je suis parti pour Paris, en septembre 1971, avec comme seule ressource financière une bourse du Conseil des Arts du Canada et un prêt étudiant. Pourquoi avoir choisi la sociologie? Au collège de Matane, j’organisais des journées et des fins de semaine de réflexion sur les enjeux sociaux et le sens de la vie. Parmi mes collaborateurs, il y avait un professeur, Gilbert Rouzier, qui avait eu Marcel Rioux comme directeur de recherche. À cette époque, je lisais avec attention la plupart des publications sociologiques portant sur le Québec, notamment celles de Fernand Dumont, Guy Rocher et Jacques Grand’Maison. De plus, comme professeur de cinéma et responsable d’un ciné-club, j’avais été invité à l’été 1968 à faire un stage d’un mois sur le cinéma social à l’Office National du Film (Montréal). Les questions que je me posais relevaient plutôt de la sociologie que de la théologie : par exemple, que deviendront l’Église catholique et les congrégations religieuses avec la transformation du Québec? En raison de l’éclairage de la sociologie des religions, la décision de quitter la prêtrise a été prise sereinement, mais après de longues réflexions. Le plus difficile fut de quitter une congrégation religieuse qui constituait pour moi une communauté de vie. En revanche, la sociologie des religions m’a fourni de nombreux repères pour comprendre l’importance de la religion dans les sociétés et la créativité de ces dernières. Sur le plan académique, ma formation sociologique a d’abord été influencée par Henri Desroche et Jean Séguy. Ce fut pour moi un choc de découvrir que les fondateurs de la sociologie avaient accordé autant d’attention aux phénomènes religieux. D’abord, Émile Durkheim avec Les formes élémentaires de vie religieuse (1912), mais aussi ses disciples Maurice Halbwachs pour la mémoire collective et Robert Hertz pour les catégories du bien et du mal. Pour la tradition germanique, l’immense contribution de Max Weber avec L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1967), le Judaïsme antique (1970) et Économie et société (1971), sans oublier son collègue et ami Ernst Troeltsch pour la distinction entre les types église et secte. De Marx, outre la Question juive (1968), j’ai pris connaissance de sa correspondance avec Friedrich Engels sur La guerre des paysans (1850). Henri Desroche a écrit Signification du marxisme (Desroche et Hubert, 1949) et Les Shakers américains d’un néo-christianisme à un pré-socialisme? (Desroche, 1955), mais il se situait dans le prolongement de l’école française de sociologie et de son …

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