Itinéraires

Une sociologue à la marge

  • Diane Lamoureux

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Couverture de D’une génération à l’autre., Numéro hors-série, 2024, p. 9-242, Recherches sociographiques

Je suis venue assez tard à la sociologie et je l’ai fréquentée par la bande puisque ma carrière universitaire s’est principalement déroulée dans des départements de science politique où je me suis consacrée à la philosophie politique. Mais la volonté de comprendre la société québécoise m’a amenée très tôt à lire Guy Rocher, Marcel Rioux et, plus tard, Fernand Dumont. Je me suis également intéressée au travail de Michel Freitag, principalement dans mes réflexions sur l’éducation, même si j’étais rebutée par le côté boy’s club de ce courant. Comme je m’intéressais au féminisme, j’ai aussi fréquenté, sans y être inscrite, le séminaire que donnaient Danielle Juteau et Nicole Laurin à l’Université de Montréal au début des années 1980. Durant cette même décennie, j’ai également participé aux travaux d’un groupe de sociologues, principalement françaises, sur les rapports sociaux de sexe. Comme j’ai périodiquement travaillé, tout au long de ma carrière universitaire, sur le mouvement féministe, principalement au Québec, cela m’a conduite à m’intéresser également à la sociologie des mouvements sociaux. Ce n’est que lors de mes études de doctorat que j’ai vraiment commencé à m’intéresser à la sociologie, un peu par hasard, après avoir fait des études d’histoire et de science politique. Je voulais poursuivre mes études à Paris et, après consultation de quelques universitaires de ma connaissance, ce n’était qu’en sociologie que je pouvais trouver une personne susceptible de s’intéresser à mon sujet et de diriger mes études. C’est ce qui m’a amenée à contacter Alain Touraine qui s’intéressait aux mouvements sociaux et qui était alors un des rares universitaires à s’intéresser au mouvement féministe. Comme les études de doctorat à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) étaient, du moins à la fin des années 1970, assez peu formalisées, j’ai eu la possibilité de flâner intellectuellement tout en suivant les cours de mon directeur, Alain Touraine, et de profiter de la vitalité intellectuelle de la scène parisienne pour aller musarder du côté de Bourdieu, de Foucault, de Lefort et de Castoriadis. J’ai également eu la chance de rencontrer un groupe de « paires » dans un séminaire sur le féminisme. Celles-ci ont nourri mes réflexions, m’ont mise en contact avec les milieux féministes parisiens et j’ai maintenu des contacts avec elles au cours des premières années de mes va-et-vient des deux côtés de l’Atlantique. Dans ce parcours doctoral, je peux retracer trois influences importantes. Il y a d’abord eu celle d’Alain Touraine et de son approche des mouvements sociaux et plus largement de son laboratoire, le Centre d’étude des mouvements sociaux. La deuxième est celle de la revue Questions féministes, dont l’apparition a coïncidé avec le début de mes études doctorales. Enfin les mouvements féministes, tant en France qu’au Québec, vivaient une époque de forte effervescence et je me nourrissais des débats qui y avaient cours en participant à des actions ou à des réflexions; de plus, comme je voyageais souvent en Italie, j’ai été impliquée et influencée par ce mouvement. Mon rapport avec Alain Touraine a toujours été assez complexe. Il en était à l’élaboration de sa théorie sur les mouvements sociaux et son séminaire de 1977-1978 à l’École des hautes études portait sur ce qui allait devenir La voix et le regard (Touraine, 1978). Si j’appréciais son idée générale qu’il n’y avait plus d’acteur central de l’émancipation pour l’ensemble de la société et que nous allions devoir penser le changement social à partir d’une multitude d’acteurs (et, fait nouveau, d’actrices), dont la convergence n’allait pas de soi, mais qui nous donnaient tous à voir des pans de l’injustice sociale, j’étais beaucoup plus réticente …

Parties annexes