Comptes rendus

Louise Bienvenue et François-Olivier Dorais, Profession historienne? Femmes et pratique de l’histoire au Canada français, XIXe-XXe siècles, Québec, Presses de l’Université Laval, 2023, 542 p. (Coll. Fabrique d’histoire)

  • Félix Gélinas

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Couverture de Volume 64, numéro 3, septembre–décembre 2023, p. 523-733, Recherches sociographiques

Par sa structure genrée et hiérarchique, la discipline historique a laissé l’apport des femmes comme productrices de savoirs aux marges du visible. Dans la veine de plusieurs historiennes, cet ouvrage, codirigé par Louise Bienvenue et François-Olivier Dorais, contribue à inverser cette tendance. Au même titre que l’image qui figure en couverture du livre, un portrait de la soeur de l’historienne Marie-Claire Daveluy, cet ouvrage collectif brosse le portrait d’une multitude de femmes qui ont oeuvré discrètement aux côtés de Clio dans l’histoire du Québec. S’inscrivant dans les courants de l’histoire scientifique et de l’histoire des femmes, l’ouvrage appelle à déconstruire la division genrée de l’histoire. Voulant faire avancer les réflexions sur l’importance des femmes pour la construction et la diffusion de l’histoire comme discipline scientifique, l’ouvrage donne à voir, pour citer l’historienne Micheline Dumont, que « l’histoire des femmes n’est pas un récit anecdotique » (p. 489). Fruit d’un colloque ayant eu lieu en 2021 et s’appuyant sur une recherche exhaustive afin de sortir de l’ombre ces écrivaines fantômes, l’ouvrage se divise en sept parties et dix-neuf chapitres écrits sous forme d’articles par différent·e·s historien·ne·s. Les auteur·rice·s proposent d’établir le portrait de femmes qui, de près ou de loin, ont contribué aux avancées de l’histoire du 19e au 20e siècle, allant de figures historiennes non professionnelles jusqu’aux premières femmes qui obtinrent des postes de professeures d’université en histoire. Il est d’abord proposé de réévaluer l’apport de Laure Conan à la diffusion de l’histoire au 19e siècle. En tant qu’écrivaine influente dans son réseau de sociabilité, elle publie des textes littéraires à caractère historique, au sein desquels transparaît un souci de vérité qui correspond sensiblement aux normes historiennes de l’époque. La relation entre la presse et la production historique féminine est au coeur de la deuxième partie de cet ouvrage collectif. Plusieurs femmes, dont Anne-Marie Gleason et Hélène Pelletier-Baillargeon, contribuent à l’essor culturel de la littérature historique par la presse. Dès lors, le journalisme apparaît comme un moyen privilégié d’accès à la production historique, en favorisant également l’éclosion de nombreuses carrières féminines. Celles-ci contribuent ainsi à la constitution d’un récit national, bien que reléguées aux marges de l’historiographie. Au sein de la troisième partie se dégage l’importance de l’Église dans la production de savoirs historiques au Québec, dont celle d’expertises féminines. L’Église permit à des femmes et des religieuses, telles Marie Aymong, Maria Mondoux et Marie-Claire Daveluy, de se dévouer à des recherches archivistiques extensives, en conformité avec ses exigences en regard de la méthodologie et l’exhaustivité. Motivées à valoriser les « pionniers de la foi chrétienne » (p. 175), elles produisent de nombreux textes de vulgarisation historique. L’ouvrage martèle la nécessité d’éclairer l’apport des « petites mains » (p. 227) au travail de nombreux historiens. Dans la quatrième partie, il est convenu que, quoique largement dominée par les hommes, la Revue d’histoire de l’Amérique française s’est édifiée avec le soutien de nombreuses femmes. Leur apport indéniable se caractérise par un important travail d’édition et de gestion. En outre, cette partie rend explicite l’apport de Juliette Lalonde-Rémillard aux textes de Lionel Groulx. Au gré d’un travail de recherche archivistique, de révision textuelle, de correction et d’édition, cette dernière, bien qu’invisibilisée par la « grandeur » du chanoine, concourt à lui faire atteindre ces sommets. Quoique délégitimisées en tant qu’historiennes, plusieurs femmes savantes produisent des connaissances historiques pour faire avancer des causes militantes. La cinquième partie voit l’histoire, sous la plume de Charlotte Tassé, devenir un outil en faveur de la professionnalisation de métiers féminins. D’autres militantes s’affairent à déconstruire certains préjugés envers les femmes dans l’histoire. Tel est …