In memoriam

Robert Leroux 1964-2022[Notice]

  • Loyola Leroux

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NDLR : L’auteur n’a pas de lien de parenté avec Robert Leroux.

Professeur au département de sociologie de l’Université d’Ottawa, Robert Leroux est décédé prématurément à l’âge de 58 ans. Robert Leroux avait obtenu un baccalauréat en histoire de l’Université de Montréal et une maîtrise en sociologie sous la direction de Marcel Fournier. Il a par la suite fait ses études de doctorat en sociologie sous la direction de Fernand Dumont, dont il fut le dernier étudiant à passer son diplôme. Il a par la suite effectué des études postdoctorales au CNRS à Paris avec Raymond Boudon, avec qui il avait noué une solide amitié. Formé d’abord en histoire, Robert Leroux avait développé un grand intérêt pour l’histoire de la pensée sociologique – notamment pour l’histoire de la sociologie québécoise – et, plus largement, pour l’histoire de la pensée libérale. Il accordait une grande importance au travail scientifique et à l’élaboration de « savoirs fondés » (Raymond Boudon) en dehors de toute idéologie. Sa production scientifique est considérable. On lui doit de nombreux ouvrages (certains traduits en anglais, italien et espagnol) dont on trouvera plus bas la liste, de même que de nombreuses contributions sous la forme d’articles ou de chapitres d’ouvrages collectifs. Il est à noter que ses livres ont paru dans des maisons d’édition prestigieuses et reconnues, ce qui fait de lui l’un des sociologues québécois les plus connus à l’étranger. Robert Leroux a publié un bon nombre de contributions dans le champ des études québécoises. Il a ainsi contribué à faire connaître la pensée de plusieurs auteurs, parfois oubliés ou moins connus, en présentant notamment leurs idées sur la question nationale et en éditant leurs textes importants. Ainsi, il a choisi et présenté plusieurs textes d’Édouard Montpetit, dont l’oeuvre « se trouve au coeur même de l’histoire des sciences sociales québécoises », selon ses mots. Robert Leroux avait une grande admiration pour Fernand Dumont, dont il a contribué à faire connaître l’oeuvre sociologique et en particulier ses liens avec la sociologie durkheimienne. Avec Simon Langlois, il a rassemblé les écrits de Jean-Charles Falardeau (sociologie, Université Laval), identifié par eux comme un précurseur de la Révolution tranquille. L’ouvrage Sociologie du Québec en mutation. Aux origines de la Révolution tranquille est paru aux PUL en 2013. Mentionnons aussi un essai original sur les liens intellectuels et scientifiques entre historiens et sociologues dans une contribution parue dans un ouvrage collectif sous la direction de Joseph Yvon Thériault et Martin Meunier. Robert Leroux est reconnu comme l’un des meilleurs spécialistes de la pensée libérale française du 19e siècle – son « âge d’or » selon son expression –, époque où elle était en concurrence avec les approches du socialisme et du marxisme naissant. La grande caractéristique de ses ouvrages est la manière objective avec laquelle il aborde la pensée de plusieurs auteurs – encore connus ou déjà oubliés – appartenant à ce courant. Il a ainsi exploré les oeuvres d’Antoine-Augustin Cournot, Frédéric Bastiat, Charles Dunoyer, Alexis de Tocqueville, Jean-Gabriel Tarde. Il est le premier chercheur à avoir écrit un livre en français sur le grand économiste autrichien Ludwig von Mises. Chacun de ses livres s’appuie sur une bibliographie importante, témoin de sa minutieuse et patiente recherche. Dans la foulée de ses travaux sur les penseurs du 19e siècle, Leroux s’est aussi attardé à l’étude de plusieurs auteurs identifiés à l’École française de sociologie. Signalons notamment ses contributions sur Maurice Halbwachs et, plus près de nous, sur Raymond Boudon. Sa collaboration avec Raymond Boudon mérite d’être rappelée, car elle occupe une place à part dans la carrière de Leroux. Promoteur de l’individualisme méthodologique dans une perspective qu’il a renouvelée, Raymond Boudon a …

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