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Pierre Hébert, Bernard Andrès et Alex Gagnon, appuyés de quelque 150 collaboratrices et collaborateurs, proposent un ouvrage de référence sur la littérature québécoise, qu’ils qualifient d’Altas. Leur livre permet en effet de naviguer dans des écrits qui vont de la Nouvelle-France à nos jours, jusqu’au numérique et aux blogues. La poésie, l’essai, le théâtre, le roman, la nouvelle, les revues et quelques mouvements sont tour à tour présentés, ainsi que des autrices et auteurs.
Si on y trouve moins de détails que dans les six tomes de La vie littéraire au Québec, qui de toute façon s’arrêtent pour le moment à 1933, ou les trois tomes l’Histoire de l’édition littéraire au Québec au XXe siècle sous la direction de Jacques Michon qui, comme leur titre l’indique, ne couvrent que le 20e siècle, l’Atlas ne fait pas double emploi avec ces deux projets car il embrasse plus large dans le temps et le propos : le parcours propose des périodes, des auteurs, des ouvrages, des thèmes, à travers des entrées d’une à trois pages, et a le mérite de tenir en quelque 500 pages. L’ouvrage comprend aussi de nombreux encadrés, présentations rapides d’auteurs, d’ouvrages ou citations. En ce sens, l’Atlas s’inscrit dans la lignée de ce que décrit Karine Cellard dans son entrée « Les manuels et les histoires littéraires : l’invention d’une tradition » (p. 337-339).
Comme l’expliquent Hébert, Andrès et Gagnon dans leur présentation, il leur a fallu faire des choix, car il n’était pas possible de parler de tout, mais il faut noter le choix judicieux des collaboratrices et collaborateurs. Les notices et entrées ont été confiées à des spécialistes, voire à des personnes ayant consacré un ouvrage entier au même sujet ; par exemple Jean-Philippe Warren a rédigé celle sur Edmond de Nevers, Hans-Jurgen Lüsebrink celle sur les almanachs et Marcel Olscamp celle sur Jacques Ferron.
La première partie de l’Atlas s’intitule « Histoire » et est divisée en quatre sections. Les trois premières couvrent respectivement la période de la Nouvelle-France à 1800, le XIXe siècle puis de 1900 à 1960, alors que la dernière, « 1960 à nos jours », met en évidence un de ces choix évoqués par les auteurs dans leur présentation. La première section de la deuxième partie, « Littératures », présente les littératures anglo-québécoise, migrante, haïtienne, innue, gaie, etc., pour bien les mettre en évidence avec le résultat qu’on se demande dans quelle mesure celles-ci font partie du tronc commun historique. Illustration de ce que ce choix n’a rien d’évident, la notice sur Dany Laferrière est dans la section couvrant « 1960 à nos jours » tout comme celle sur Yann Martel, qui écrit en anglais.
La deuxième partie comporte de plus une section sur la vie littéraire, et trouvant particulièrement bien sa place dans un atlas, une autre sur des « figures et thématiques », par exemple l’écrivain-professeur, le traducteur, l’Américain, la guerre. La troisième et dernière partie, « Genres et marges », aborde d’abord des « régimes d’écriture », notamment l’humour, la science-fiction, le policier, le manifeste, l’autofiction et la littérature en fascicules, avant de s’arrêter à la « multimédiatisation » (cinéma, radio, bande dessinée). Les entrées sur le blogue et le numérique ne s’insèrent pas dans la section sur la multimédiatisation, mais dans celle sur les régimes d’écriture. Il y a ici un autre choix. L’Atlas se termine sur les livres et l’art, les livres d’artistes, les livres illustrés, les « beaux manuscrits ».
L’ouvrage échappe à l’aridité par l’insertion de nombreuses illustrations, essentiellement des couvertures de livres. Incidemment, sur sa propre couverture, l’Atlas propose une photo de la Maison de la littérature de Québec, consacrée à la littérature québécoise.
L’objectif, évoqué en présentation est de rendre la littérature « à la fois visible et lisible » (p. x), et d’offrir « toutes les portes d’entrées nécessaires à la découverte et à la saisie panoramique du fait littéraire québécois » (p. xi). Mission accomplie.