Comptes rendus

Sophie Brière (dir.), Les femmes dans les professions traditionnellement masculines, Québec, PUL (2019), 245 p.[Notice]

  • Marcelle Dubé

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L’ouvrage sous la direction de Sophie Brière regroupe un ensemble de contributions signées par plus d’une douzaine de chercheur.e.s muldisciplinaires de l’Université Laval (administration, droit, sciences et génie, médecine, éducation), associé.e.s à un vaste programme de recherche portant sur l’avancement et la rétention des femmes dans des métiers traditionnellement exercés par les hommes. Ce sont 11 métiers ou professions qui font l’objet des présentations et des analyses de ce livre : les avocates, professeures en sciences et génie, directrices des finances, policières, ingénieures, agentes correctionnelles, gestionnaires d’établissement collégial, inspectrices en santé et sécurité et en alimentation; les professions du domaine de la santé, dont médecine, pharmacie et dentisterie; celles du domaine du développement international et de l’action humanitaire (DIAH). Outre l’introduction et la conclusion, les 10 chapitres sont construits sur un modèle similaire, et présentent quelques statistiques et l’état des connaissances sur la profession étudiée, la méthodologie utilisée et les résultats de la recherche réalisée sur chacun des terrains. De plus, trois grandes sections classent les professions étudiées dans cet ouvrage, rendant compte, premièrement, de celles qui demeurent problématiques, puis de celles à surveiller, et finalement de celles qui sont en transformation. L’introduction informe des visées de la recherche, des questions qui l’ont alimentée et des objectifs poursuivis tout au long de sa réalisation (2015-2018), rappelant la toile de fond théorique (féministe et institutionnelle) et méthodologique (grounded theory et standpoint theory) qui l’a guidée. Deux premiers tableaux viennent illustrer ces assises, 1.1) le cadre d’analyse et les variables de recherche et 1.2) l’échantillonnage (p. 6 et 8). Puis un 3e tableau (1.3) clôt cette introduction en systématisant les résultats obtenus dans un cadre d’analyse détaillé et comparatif utilisant trois couleurs distinctes (rouge, jaune et vert), situant ainsi les traits marquants de chacune des professions étudiées, et offrant, sous cette forme graphique, une synthèse et un éclairage très parlants pour saisir rapidement l’ensemble du corpus et, plus spécifiquement, les aspects sous lesquels des obstacles restent à franchir ou, au contraire, de réelles avancées ont été accomplies (p. 10-12). Cinq professions sont repertoriées dans la section des professions demeurant problématiques : les avocates en pratiques privées; les professeures en sciences génie; les professions du secteur de la finance; les policières, et les carrières ouvertes aux femmes dans le milieu du DIAH. Les difficultés éprouvées sont principalement associées au fait qu’il existe une culture organisationnelle et une vision de l’exercice de ces professions construites sur un modèle essentiellement masculin et parfois même paternaliste, donnant à voir à des degrés divers des préjugés tenaces et des stéréotypes qui se perpétuent malgré l’arrivée des femmes au sein de ces professions. La nature du travail, les conditions qui y sont associées et l’intensité avec laquelle on demande de l’exécuter (pression, performance, dévouement à la tâche avant tout, horaires atypiques, déplacement et séjour prolongé à l’extérieur du pays) sont des éléments qui cohabitent difficilement avec la réalité que vivent une majorité de femmes, marquée entre autres par la maternité et la conciliation travail famille, puisque ce sont les femmes qui assument encore souvent la double charge de travail qui en résulte. Ces milieux exigent donc de la part des femmes qu’elles fassent individuellement l’effort de s’adapter aux structures et aux cultures organisationnelles déjà existantes, plutôt que ce soient les structures qui prennent en compte ces réalités et procèdent à des aménagements permettant aux nouvelles venues de s’y plaire, de faire leur travail et d’y rester. Si les professions classées dans la section des professions à surveiller n’échappent pas à plusieurs problèmes soulignés pour le groupe précédent, la différence qui s’y opère concerne les ingénieures et tient …