In memoriam

Alfred Dumais, 1936-2016[Notice]

  • Simon Langlois

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Professeur de sociologie à l’Université Laval de 1968 jusqu’à sa retraite le 31 août 2013, Alfred Dumais est né à Sainte-Florence en décembre 1936 et décédé à son domicile de Québec le 18 janvier 2016. Élève au Petit séminaire de Rimouski de 1951 à 1959, il a étudié à l’Université de Montréal pour la licence de philosophie (1963) puis à la Catholic University of America (Washington) pour une maîtrise en sociologie (1966). Après une scolarité de doctorat en sociologie à Columbia University (New York), où l’un de ses professeurs fut Alan Blum, il a complété ses études doctorales à l’Université Laval, y soutenant le 28 avril 1971 une thèse intitulée « L’historicisme d’Ernst Troeltsch et la société de son temps ». Alfred Dumais a d’abord enseigné les sciences sociales au Cégep de Limoilou pendant un an (1967-1968), tout en étant chargé de cours à la Faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke, avant d’entrer à l’Université Laval en 1968-1969 comme professeur assistant, devenant professeur adjoint l’année suivante. Il a été élevé au rang de professeur agrégé en 1972, puis de professeur titulaire en 1977. Directeur du département de sociologie du 19 avril 1977 au 10 juin 1980, il a fait partie du Comité de rédaction de Recherches sociographiques, revue qu’il appréciait. Le sociologue Dumais avait une réputation méritée d’érudit dans la grande tradition des universités et son enseignement était parmi les plus appréciés au sein du département de sociologie. Il a oeuvré à la formation de centaines de diplômés de premier cycle et dirigé un grand nombre de doctorants et de candidats à la maitrise. Ses cours ont porté sur la théorie sociologique, l’épistémologie et des auteurs comme Max Weber. Son séminaire de 2e et 3e cycles sur les méthodes interprétatives et l’herméneutique, très fréquenté tout au long des quelque quarante ans où il fut donné, a marqué des générations d’étudiants. Le fil rouge qui parcourt son enseignement est celui de la sociologie de tradition allemande et de la sociologie compréhensive, aussi dite herméneutique ou interprétative. Il a aussi dispensé des cours en sciences de la religion et en sociologie de la santé, ce dernier domaine étant lié à ses recherches empiriques sur la santé mentale au Québec. Les recherches d’Alfred Dumais ont d’abord porté sur les origines de la sociologie allemande. Lisant et parlant l’allemand, il a rédigé sa thèse sur Ernst Troeltsch (collègue et ami de Max Weber), dont l’oeuvre a fortement influencé l’évolution de la sociologie allemande entre 1860 et 1920. Il a collaboré de près avec Jean Séguy, professeur à Paris, ainsi qu’avec Jean Richard, professeur à l’Université Laval, pour diffuser la pensée de l’historien et sociologue allemand. Au cours de ses différentes années sabbatiques, Alfred est retourné plusieurs fois en Allemagne pour travailler dans les archives, effectuant des séjours à l’Institut de sociologie de Munich (où se trouvent les archives de Max Weber), mais aussi à Heidelberg (où Troeltsch a passé une bonne partie de sa vie), à Göttingen (où se trouvent les archives de Troeltsch), à Marbourg, à Cologne et à Berlin (où Alfred a travaillé sur Dilthey et Simmel), notamment. Outre la publication remaniée de sa thèse, on doit à Alfred Dumais la traduction en français d’un ouvrage de Troeltsch, L’absoluité du christianisme et l’histoire de la religion (Paris, Éditions du Cerf, 1996), ainsi que de nombreux articles savants, sans oublier l’édition de deux ouvrages collectifs sur Troeltsch en collaboration avec Jean Richard. Alfred Dumais s’est impliqué dans la recherche empirique, notamment en sociologie de la santé mentale. Ainsi, il a été expert consultant au centre hospitalier Robert Giffard de …