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Ce petit livre, issu d’une thèse de doctorat, retrace l’histoire d’une paroisse urbaine, depuis le lieu de villégiature pour les riches résidents de Québec qu’elle avait constitué à la fin du 18e siècle jusqu’à l’érection en 1924 de son église, Notre-Dame-de-Grâce, puis la démolition de celle-ci en 2009. Le tout est abondamment illustré de photos, actuelles et d’époque, et comporte également des plans permettant de situer le quartier Saint-Sauveur dans la ville de Québec et la paroisse Notre-Dame-de-Grâce à l’intérieur de ce quartier.
Le titre renvoie aux cloches, parce que le coeur de l’ouvrage est consacré à la paroisse, son église et ses particularités architecturales d’une part, mais aussi et surtout à la vie paroissiale et l’importance de l’Église dans la vie quotidienne d’autre part. Les voix, ce sont celles des résidents du quartier, qu’est allé recueillir Dale Gilbert. Entretiens, archives écrites et visuelles permettent ainsi d’esquisser le portrait du quartier, les conditions de logement et d’approvisionnement à l’époque où on vivait à pied, puis les changements qui interviennent avec la généralisation de l’automobile dans les années 1950, qui transforme les modes de vie et favorise le départ des résidents de ce quartier urbain vers la banlieue.
L’ouvrage est ainsi centré sur un lieu bien précis, mais toujours dans ses rapports avec d’autres quartiers, en particulier Saint-Roch dans les premières années, puis les banlieues après 1950. De plus, Dale Gilbert met en évidence le mouvement de balancier entre l’ouverture de paroisses au 19e siècle et au début du 20e et leur fusion dans les dernières années, ce qui s’accompagne de la construction puis de la démolition d’églises, et dans un autre registre, de la multiplication puis de la fermeture d’entreprises employant la main-d’oeuvre locale. Mais le quartier survit toujours, autrement, le site de l’ancienne église abritant désormais une autre communauté, celle de la coopérative d’habitation La Baraque ; les processions de la Fête-Dieu ont cédé la place au tintamarre de casseroles du printemps de 2012 ; les apparitions de la Vierge Marie de la fin des années 1960 à celles de la pièce déambulatoire Où tu vas quand tu dors en marchant ?, comme en témoignent quelques-unes des nombreuses photos présentées dans l’ouvrage, les plus anciennes renvoyant à celles du début du siècle actuel, et vice-versa.
Tout cela est finement évoqué dans ce petit livre intelligent et bien écrit, qui donne envie d’en savoir plus aux spécialistes de l’histoire urbaine ou religieuse, lesquels pourront se reporter à la thèse de l’auteur. La démarche puise en effet à la fois dans les méthodes et approches de l’histoire et de l’ethnographie, et se situe dans la tradition des monographies de paroisse, et permet d’aller au-delà des clichés sur l’emprise de l’Église avant la Révolution tranquille. De lecture agréable, le livre vise un large public intéressé à l’histoire urbaine en général et à celle de la ville de Québec en particulier.
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