FR :
L’embourgeoisement rural, lié notamment à la migration de la ville vers la campagne d’urbains de classes sociales moyennes ou aisées, touche de plus en plus les milieux ruraux au Québec. Or, contrairement aux recherches foisonnantes sur le concept de rural gentrification au Royaume-Uni, ce phénomène n’a que peu retenu l’attention dans la production scientifique québécoise. Cet article propose donc d’explorer les représentations contrastées de divers acteurs locaux à propos de l’embourgeoisement et de ses incidences dans deux municipalités régionales de comté (MRC) : Brome-Missisquoi et Arthabaska. Il s’appuie sur les résultats d’entrevues réalisées auprès de quatre types d’acteurs : néo-ruraux, ruraux de longue date, dirigeants d’organismes locaux et régionaux, élus municipaux. Il montre la complexité de ce phénomène sur divers plans de la vie rurale, soit sociodémographique, économique, résidentiel, communautaire, culturel, environnemental et politique. Les résultats révèlent la nécessité de dépasser les seules représentations des « gentrifieurs », en l’enrichissant de celles d’autres acteurs concernés par l’embourgeoisement rural. Ils montrent l’importance de scruter les effets globaux de ce phénomène pour en arriver à une meilleure compréhension.
EN :
Rural gentrification, understood as the city-to-country migration of urbanites from the middle or upper social classes, is increasingly taking place in rural Quebec. In contrast to the surge of studies on rural gentrification in the United Kingdom, this phenomenon has received little attention in Quebec scientific research. This article explores the representations of diverse local actors concerning gentrification in two Quebec regional county municipalities (RCM), namely Brome-Missisquoi and Arthabaska. Based on interviews conducted with four types of actors – newcomers, long-time residents, directors of local and regional organizations, and elected municipal officials – the study shows the complexity of this type of gentrification at various levels of rural life (e.g., sociodemographic, economic, residential, community, cultural, environmental, political). The results demonstrate the need to examine the views of all actors involved in or affected by rural gentrification as opposed to considering only those held by the gentrifiers. As well, the study shows that the broader scope of the impacts of rural gentrification must be examined in order to arrive at a better understanding of this phenomenon.