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On a maintes fois souligné l’omniprésence, jusqu’à l’étouffement, des mythes et récits des origines dans les textes sur l’acadianité. L’Acadie du discours de Jean-Paul Hautecoeur, un livre approchant la quarantaine, en est l’exemple le plus probant. Il fut une époque où ces discours sur les origines étaient sitôt évoqués, sitôt critiqués. Heureusement, il semble que l’on soit désormais prêt à réexaminer la question des origines en Acadie. Le collectif L’Acadie des origines, dirigé par James de Finney, Hélène Destrempes et Jean Morency, réexamine d’un regard neuf différentes origines présentes au sein de l’imaginaire collectif acadien.
Les origines retenues sont variées, et l’analyse prend de multiples tournants. La question est abordée sous différents aspects, mais l’analyse littéraire et textuelle prédomine. En guise d’exemples, on se penche sur différentes oeuvres afin d’analyser cette Acadie des origines : Hélène Destrempes offre une lecture des essais canadiens-français et acadiens portant sur Moncton à la fin du 19e et au début du 20e siècle ; James de Finney et Tania Duclos explorent la représentation de l’Acadie chez les auteurs français, de Marc Lescarbot jusqu’à Rameau de Saint-Père ; Jean Morency offre une lecture comparative (et inusitée !) des oeuvres de Lionel Groulx et de France Daigle en s’intéressant à la représentation de l’Acadie qui s’y trouve.
On comprend l’Acadie des origines en retenant différentes avenues : dans les façons de la nommer qui sont apparues dans l’histoire, allant des cartes géographiques jusqu’aux représentations littéraires que les écrivains et historiens ont eues de l’Acadie des origines, en passant par des représentations populaires comme la généalogie ou le langage courant. On se rend vite compte, à la lecture de ces études, assez succinctes et évitant le jargon pour la plupart, que l’Acadie des origines n’est pas qu’un drame créé il y a longtemps par les élites acadiennes et continuellement ressassé depuis. Pourtant, on a parfois le sentiment, à la lecture de certains textes du recueil, de quelques raccourcis (un article sur Rameau de Saint-Père ne tenant pas compte des articles de P. Clarke, un article sur la généalogie ne tenant pas compte des contributions d’A. Bérubé). Si au niveau de la synthèse le bilan est parfois un peu mince, dans l’ensemble le résultat est convaincant et, plus important, il contribue à l’avancement des connaissances.
Chaque contribution explore et approfondit la question des origines, mais à partir d’une perspective toujours singulière. Il existe malgré cela une grande cohérence d’ensemble dans ce petit recueil. Si aucun des thèmes abordés n’est complètement neuf, voir cet ensemble d’études ainsi rassemblées apporte un regard rafraichissant sur la thématique. Le contenu du recueil lui-même permet d’accentuer l’importance incontournable – et connue – des origines dans l’imaginaire acadien. Des origines parfois lourdes, et dont il est plus que pertinent de revisiter sous un nouvel oeil les fondements et la construction. Une tâche bien amorcée par ce recueil.