Comptes rendus

Luc Hétu, Une ville sous tutelle. Brève histoire de l’administration de Montréal, Montréal, Liber, 2009, 160 p.[Notice]

  • Mario Gauthier

…plus d’informations

  • Mario Gauthier
    Département de travail social et des sciences sociales
    Université du Québec en Outaouais.
    mario.gauthier@uqo.ca

Pour tous ceux qui s’intéressent à la démocratie locale, à la politique municipale et aux enjeux socioéconomiques de la métropole montréalaise, ce petit livre qui traite de l’histoire de l’administration municipale de Montréal apparaîtra comme étant à la fois captivant et décevant. Le livre de Luc Hétu Une ville sous tutelle. Brève histoire de l’administration de Montréal est en effet très intéressant parce qu’il traite d’un sujet passionnant et relativement peu abordé par les historiens et les chercheurs spécialisés en études urbaines : l’administration publique municipale. L’ouvrage est cependant très décevant en raison de son manque de problématisation, de ses nombreux raccourcis et de ses faiblesses méthodologiques et analytiques. La thèse du livre, présentée en avant-propos, est assez simple : une raison permet d’expliquer les problèmes et la torpeur actuelle de Montréal qui, contrairement à Toronto ou à New York, ne parvient pas à redevenir une grande métropole : « Parce que, à Montréal, les vrais dirigeants sont à Québec ! » (p. 8). Pour l’auteur, les difficultés de Montréal s’expliquent par le fait que cette ville, comme toutes les villes québécoises, est souvent considérée comme étant une créature du gouvernement : « L’emprise de Québec sur Montréal ne date pas d’hier. Québec intervient tout au long de l’histoire de la ville pour remettre dans le droit chemin sa ‘créature’ municipale par des tutelles, ou des amendements à la charte de la ville sans toujours consulter la population montréalaise » (p. 10). Ainsi, selon Luc Hétu, les petites et les grandes décisions relatives au développement de Montréal sont trop souvent prises par le gouvernement du Québec, d’où le titre principal de l’ouvrage Une ville sous tutelle. Pour étayer cette thèse, l’ouvrage de 160 pages comprend, outre l’avant-propos, huit chapitres et une brève conclusion. Le livre s’appuie sur quelques références citées en notes de bas de page (coupures de presse, ouvrages généraux, contributions à des ouvrages collectifs sur l’administration municipale, etc.) et ne contient pas de bibliographie. L’auteur, qui dédie son livre à son père, Lucien Hétu, un ancien directeur des services municipaux de Montréal (de 1952 à 1963), se présente comme un citoyen et un observateur de la scène municipale qui a baigné toute sa vie dans l’ambiance administrative et politique de Montréal ; il ne prétend pas être historien, ni spécialiste en affaires urbaines. Son ambition est plus modeste et paraîtra peut-être déconcertante pour plusieurs historiens et spécialistes en études urbaines : « Il est utile de remonter au début du siècle dernier et d’examiner les grands moments qui ont marqué l’administration municipale. Peut-être qu’une solution apparaîtra comme par miracle » (p. 33). Mais au-delà de cette ambition salvatrice, l’ouvrage qui prend la forme d’un essai se présente surtout comme un réquisitoire en faveur de la fonction de directeur des services, poste qu’a occupé le père de l’auteur, et d’un éloge envers une génération de hauts fonctionnaires (Honoré Parent, Claude Robillard, etc.) considérés comme étant des grands commis de l’administration municipale au service des Montréalais. Les premiers chapitres de l’ouvrage abordent successivement la problématique du livre (chapitre 1), la période de corruption du début du 20e siècle et d’émergence du mouvement réformiste qui s’ensuivit (chapitre 2), ainsi que ce que l’auteur désigne comme étant les premières tutelles (chapitres 3 et 4). Reprenant à son compte l’expression d'Honoré Parent, directeur des services de la ville de Montréal de 1930 à 1946, « une suite de progressions suivie de reculs », Luc Hétu estime que depuis un siècle, Montréal a subi des réformes administratives toutes imposées par Québec qui l’ont conduite sur la voie de la complexité administrative caractérisée …