Comptes rendus

Louis Delagrave, en collaboration avec Jean-Luc Pilon, Histoire des relations du travail dans la construction au Québec, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2009, 241 p.[Notice]

  • Jean Sexton

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  • Jean Sexton
    Professeur retraité et professeur associé,
    Département des relations industrielles,
    Université Laval.
    jean.sexton@ri.ulaval.ca

D’entrée de jeu, je tiens à statuer sur ce qui pourrait constituer une apparence de conflit d’intérêt. J’ai discuté de ce projet de rédaction de l’histoire des relations du travail dans l’industrie de la construction avec son auteur et j’ai formulé des suggestions et fait des commentaires lors de la recherche qu’il a menée et j’ai toujours ouvertement soutenu ce projet, unique en soi, étant moi-même proche du monde de la construction depuis 43 ans. L’auteur et son collaborateur ont eu la délicatesse de souligner le très modeste rôle que j’ai tenu dans leur projet à la page XVII de leur ouvrage. La pénurie de textes sur l’industrie québécoise de la construction fait de ce livre une référence essentielle dans le contexte où cette industrie est, sinon inconnue, du moins mal connue et méconnue. Que de préjugés envers les quelque 140 000 travailleurs, 25 000 employeurs et les dizaines de milliers d’intervenants directs et indirects de cette industrie ! Certes les Gérard Hébert, Gérard Dion, Carol Jobin, Fernand Morin, Claudine Leclerc et le soussigné ont écrit sur le sujet, mais cet ouvrage présente une fenêtre unique et complète sur l’histoire très particulière des relations du travail dans le secteur de la construction au Québec. Cette publication est la seule source historique complète sur les relations du travail dans l’industrie de la construction québécoise, source d’informations crédibles et vérifiées non seulement pour les gens même de la construction et les professionnels oeuvrant dans ce secteur, mais aussi pour les observateurs, les médias, les analystes, les étudiants et, surtout, le grand public. Le travail menant au présent livre a véritablement débuté il y a vingt ans, avec la publication par la Direction recherche et organisation de la Commission de la construction du Québec (CCQ) du premier historique de ce secteur d’activité au Québec. Les économistes Delagrave et Pilon ont repris le projet en le développant considérablement. Ce livre comporte cinq chapitres relativement équilibrés d’une quarantaine de pages chacun, une conclusion et un bilan. Cet ouvrage est plus qu’une chronologie. Il fait aussi le pont entre les événements et plus de 40 encadrés thématiques présentent des sujets tels le salaire des ouvriers en 1913 à Québec, les caractéristiques de l’industrie de la construction, les vacances de la construction, le champ d’application de la loi, la machinerie de production, etc. Ces encadrés illustrent de façon pratique le déroulement de cette histoire. Le premier chapitre remonte aux sources, c’est-à-dire au XIXe siècle, en insistant sur le rôle des métiers dans la naissance du syndicalisme dans ce secteur et en relatant la naissance des associations patronales. Vient ensuite la première période d’encadrement législatif de la construction de 1934, où la Loi des décrets de convention collective établissait un fonctionnement régional de l’industrie, jusqu’en 1968, moment de l’adoption par le législateur québécois du fameux « bill » 290 du 18 décembre 1968, instituant la négociation provinciale et créant un comité paritaire provincial, la Commission de l’industrie de la construction (CIC) pour gérer ce décret provincial. Cette loi existe toujours, une quarantaine de modifications directes et indirectes y ayant été cependant apportées depuis 1968. Cette loi devenait alors le Code du travail de la construction au Québec. Le chapitre 2 s’attarde à la période de 1969 à 1975, période des premiers pas difficiles du « bill » 290 (chap. 45 des lois de 1968) : grandes rivalités intersyndicales, intervention croissante du gouvernement, crise d’octobre, saccage de la baie James pour enfin aboutir à la Commission d’enquête sur l’exercice de la liberté syndicale dans l’industrie de la construction (Commission Cliche). Le dépôt du rapport de cette commission a …