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Cet ouvrage a pour objectif de dresser le portrait du système éducatif du Québec à l’intention des étudiants en sciences de l’éducation. Après avoir présenté une vue d’ensemble du système en mettant l’accent sur ses composantes institutionnelles, ses principaux acteurs, ses origines et son développement, l’auteur en reconstitue à grands traits l’historique des origines aux années soixante. Il en analyse ensuite deux variables structurantes, la langue d’enseignement et la place qu’y occupent l’enseignement privé et la liberté d’enseignement. Suivent plusieurs chapitres sur l’organisation de l’école primaire et secondaire, les élèves, les parents, les enseignants, les services éducatifs (programmes scolaires, matières enseignées, évaluation des apprentissages, services complémentaires) de même que sur les établissements spécialisés des ordres primaire et secondaire (centres de formation professionnelle et centres d’éducation des adultes). Deux chapitres sont consacrés aux établissements des ordres collégial et universitaire. Les derniers chapitres portent sur les structures du gouvernement, notamment sur les commissions scolaires et le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Il s’agit d’un manuel ; chaque chapitre comporte, en sus d’un résumé, de très nombreux extraits ou citations de textes fondateurs, des questions à débattre et des références spécifiques à l’intention de ceux qui désirent approfondir un thème.
L’auteur ne se limite cependant pas à décrire les caractéristiques du système actuel. Chaque chapitre comprend une section sur les aspects historiques du thème qui y est traité de sorte qu’il est possible de reconstituer des éléments de la dynamique qui a conduit à la situation actuelle de même que les transformations successives qui l’ont précédée, notamment depuis la réforme scolaire des années soixante. Il a fait appel pour ce faire à la collaboration d’un historien, Jean-Pierre Charland, dont la compétence dans le domaine est largement reconnue. C’est notamment par cette approche que l’ouvrage se démarque le plus d’autres ouvrages dont l’objectif est aussi de décrire le système d’éducation.
L’auteur a su mettre à profit sa longue « fréquentation » du système d’éducation à titre de journaliste au journal Le Devoir, de professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal et de président du Conseil supérieur de l’éducation du Québec. Son analyse très détaillée du système est rédigée dans un style d’une grande clarté. Il présente dans un langage accessible une synthèse remarquable et bien documentée des connaissances sur les caractéristiques du système québécois. Ce volume est plus qu’un manuel. Il constitue un ouvrage de référence non seulement pour les étudiants, mais aussi pour les chercheurs en éducation, les journalistes et autres artisans des médias, les acteurs du système et les citoyens qui s’intéressent de près à l’éducation.
L’auteur a choisi de mettre l’accent sur les lois, les règlements et les arrangements institutionnels du système d’éducation de même que sur les ordres d’enseignement primaire et secondaire. L’analyse de l’enseignement supérieur y est beaucoup moins développée probablement parce que les ordres d’enseignement collégial et universitaire sont moins réglementés que les deux autres et parce que les destinataires de l’ouvrage sont d’abord de futurs enseignants. Il en est de même de la formation continue. Il manque un chapitre sur le financement, qui lui aurait permis d’analyser les coûts de l’ensemble du système et de ses principales composantes. Il eût été intéressant aussi qu’il rende compte des travaux sur les parcours des élèves et des étudiants de façon à montrer comment ils cheminent dans le système et à fournir des éléments de réflexion sur l’atteinte de l’objectif de l’accessibilité et de l’égalité des chances, première priorité du système. De même, les enjeux plus politiques de l’imputabilité, d’une part, et des modes de régulation du système par l’État ou par le quasi-marché que constitue l’éducation, d’autre part, sont peu ou pas abordés. Certes, ces thèmes portent moins sur l’armature du système que sur ses relations avec le contexte dans lequel il s’inscrit. Ils se prêtent davantage à une analyse sociale, économique et politique de l’éducation qui déborde du cadre dans lequel l’auteur a choisi de s’inscrire. Mais peut-être eût-il été pertinent que, dans une conclusion dont on s’étonne d’ailleurs de l’absence, l’auteur les évoque à grands traits. Cette démarche lui aurait permis à la fois de faire ressortir les grands enjeux qui traversent l’ensemble du système, de mettre en relief l’originalité de son approche et les limites qu’il s’est imposées tout en proposant des pistes de réflexion au-delà de celles qu’il a privilégiées.