Comptes rendus

Éric Bélanger et Richard Nadeau, Le comportement électoral des Québécois, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2009, 175 p.[Notice]

  • Éric Montigny

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Peu de travaux scientifiques ont été publiés afin d’expliquer le comportement, voire la volatilité récente de l’électorat québécois. Il en est de même en ce qui concerne l’évolution du système partisan québécois depuis la naissance de l’Action démocratique du Québec. Récipiendaire du Prix Donald-Smiley récompensant le meilleur livre publié en français ou en anglais sur un sujet traitant de la politique ou du gouvernement au Canada, cet ouvrage contribue à combler cette lacune en offrant « des pistes d’explication et d’analyse ». Sur la base de deux enquêtes d’opinion, les auteurs ont identifié les motivations des électeurs au lendemain des élections générales de 2007 et de 2008. Utilisant un modèle multi-niveaux du comportement électoral, leur étude s’inscrit nettement dans la foulée de travaux qui introduisent un à un les blocs de variables explicatives. Elle s’appuie sur quatre niveaux de variables : socio-démographiques, valeurs et orientations idéologiques, enjeux politiques et perceptions envers les chefs. Cela a l’avantage de cerner clairement les clientèles des partis, tout en évaluant l’impact des facteurs de court terme. Après avoir effectué un rappel chronologique fort utile, Bélanger et Nadeau déboulonnent certains mythes. Ainsi, le taux d’abstention fut plus élevé chez les électeurs libéraux en 2008, la clientèle libérale demeurait la plus attachée à un certain conservatisme moral, alors que celle de l’Action démocratique n’était pas, pendant cette période, d’abord et avant tout générationnelle. D’autres constats ont un caractère explicatif. C’est le cas de la composition plus éclatée de l’électorat adéquiste de 2007, de la baisse du niveau de popularité du chef de l’ADQ en 2008 et du changement de l’enjeu électoral dominant entre les deux scrutins. Il en est de même en ce qui concerne l’électorat traditionnel adéquiste qui s’apparente davantage à celui des libéraux alors que celui de Québec-Solidaire s’avère plus près du Parti québécois. Les auteurs notent cependant que la clientèle des tiers partis fait preuve d’un niveau de confiance plus faible envers les institutions. Sur le plan théorique, l’élection de 2007 semble une élection de déviation, suivie d’une élection de rétablissement. Le nouvel équilibre partisan se caractérise par un fractionnement des partis et par un taux de participation plus faible, ce qui a les attributs d’un « désalignement » de l’électorat. Au-delà des explications qu’il fournit, cet ouvrage incontournable annonce un regain d’intérêt pour l’étude des partis et du comportement électoral des Québécois. Les auteurs suggèrent d’ailleurs déjà des pistes de recherches porteuses associées au cycle de vie des électeurs et à l’évolution de la participation électorale.