Comptes rendus

Denis Bourque, Concertation et partenariat. Entre levier et piège du développement des communautés, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2009, 142 p.[Notice]

  • Lucie Gélineau

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  • Lucie Gélineau
    Professeure associée,
    Département de médecine sociale et préventive et École de service social,
    Université Laval.
    luciegelineau@ssss.gouv.qc.ca

Oeuvrant comme chercheure sur des problèmes sociaux liés notamment à la pauvreté, l’exclusion sociale et les approches microterritoriales, j’étais curieuse de voir en quoi cet ouvrage pouvait alimenter nos travaux et réflexions ou y faire écho et permettre d’entrevoir, au-delà de l’intérêt, les embûches associées aux approches intersectorielles. Bourque favorise par exemple une bonne compréhension de l’histoire des interventions microterritoriales au Québec dans les domaines de la santé et des services sociaux, une réflexion sur les enjeux de pouvoir liés à la mise en présence des acteurs ainsi que sur les conditions de succès et de pérennisation de telles interventions intersectorielles. Il aborde des dimensions importantes telles l’arrimage entre les multiples projets et actions concertées au sein d’un même territoire (sur)mobilisant les acteurs, les compétences nécessaires pour coordonner et animer de telles interventions, analyser et agir en tenant compte des rapports de pouvoir, ainsi que la nécessaire participation citoyenne et les difficultés associées à sa mise en place. Comment surmonter ces défis, notamment celui de la mobilisation citoyenne ? La question est posée. J’ai apprécié la dimension critique, quoique la dynamique des pouvoirs entre organismes institutionnels et milieu communautaire se présente, à la lumière de nos propres projets, comme plus complexe qu’une simple recherche d’instrumentation du milieu par l’institutionnel. L’ouvrage me semble des plus à propos, notamment dans le contexte de la mise en oeuvre au Québec du second plan d’action ministériel en matière de lutte contre la pauvreté, où une large place à l’approche territoriale intégrée est annoncée. Le livre donne des clefs pour mieux comprendre les contextes d’émergence de cette approche et de celles qui lui sont apparentées ainsi que les tensions entre les visées étatiques, communautaires et citoyennes présentement à l’oeuvre en ce qui a trait à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Il se prête également à d’autres contextes. Chercheure dans un centre affilié universitaire au sein d’un Centre de santé et de services sociaux, je suis conviée à arrimer ma pratique de recherche aux intérêts et préoccupations des praticiens, des groupes communautaires, des utilisateurs de services ainsi que des décideurs. L’ouvrage offre un éclairage intéressant pour décoder ces approches participatives en recherche où les arrimages entre groupes du milieu, citoyens et chercheurs sont de mise et présentent par le fait même des enjeux similaires à ceux évoqués. Allier savoirs scientifiques, savoirs pratiques et savoirs d’expériences dans des visées autres qu’instrumentales n’est pas chose aisée et l’ouvrage offre des pistes de réflexion intéressantes. Bref, ce document m’apparaît éclairant, accessible dans le verbe, la forme et le coût. À mettre entre les mains des praticiens, décideurs, étudiants et chercheurs interpellés par la mobilisation des communautés et de divers partenaires dans le changement social afin d’en comprendre les enjeux et d’identifier des pistes d’action.