Comptes rendus

Diane-Gabrielle Tremblay (dir.), Flexibilité, sécurité d’emploi et flexicurité : Les enjeux et défis, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2008, 358 p.[Notice]

  • Ali Béjaoui

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  • Ali Béjaoui
    Département de relations industrielles,
    Université du Québec en Outaouais.
    ali.bejaoui@uqo.ca

Partageant les mêmes vertus éducatives que les oeuvres publiées précédemment sous la direction de Diane-Gabrielle Tremblay, cet ouvrage traite de la flexibilité, de la sécurité d’emploi et de l’articulation entre les deux. La poursuite simultanée de la flexibilité et de la sécurité a donné naissance à l’expression « flexicurité ». Le débat qui entoure la flexicurité, qui constitue à notre avis l’apport original de cet ouvrage, est pertinent aussi bien pour l’enseignement que pour la recherche dans plusieurs disciplines des sciences sociales. En effet, à l’instar des autres problématiques traitées par la même auteure, comme le vieillissement de la main-d’oeuvre et l’équilibre travail-famille, la flexicurité est abordée ici à l’aide d’une approche pluridisciplinaire, à la fois théorique et empirique, qui combine les dimensions macro, méso et micro, de nature quantitative et qualitative, le tout étoffé par des comparaisons internationales enrichissantes. Le concept de flexicurité a fait son apparition pour la première fois en 1999 à la suite des analyses comparatives du modèle danois et de celui des Pays-Bas, deux modèles qui ont suscité un vif débat sur la réforme des politiques de sécurité sociale et du revenu. Ces deux modèles ont en commun la coexistence d’une flexibilité du marché du travail (mesurée, entre autres, par une souplesse des législations de protection d’emploi) et une meilleure sécurité socioéconomique (mesurée, entre autres, par une meilleure stabilité de l’emploi et du revenu), deux configurations autrefois considérées comme étant irréconciliables. Aux Pays-Bas, la flexicurité a été mise en oeuvre en adoptant une loi qui facilite le recours au travail temporaire par les entreprises, tout en garantissant une certaine sécurité sociale peu importe le type de contrat de travail. Au Danemark, la flexicurité a pris la forme d’une poursuite simultanée de trois objectifs : la flexibilité du marché du travail, l’indemnisation généreuse des chômeurs et des politiques actives de l’emploi (par exemple, l’obligation de participer à la formation pour les prestataires de l’assurance chômage). Le modèle danois est associé à une notion de sécurité d’emploi sur le marché du travail (ou continuité d’emploi) plutôt qu’à la sécurité d’emploi avec le même employeur (ou maintien dans l’emploi existant) comme l’indiquent Anouk Lebel et Paul Bernard. Ce modèle est présenté par certains comme une alternative au modèle américain qui favorise la flexibilité, par le truchement de la dérégulation du marché du travail, au prix d’une insécurité accrue des travailleurs (Harmut Seifert et Andranik Tangian). Par ailleurs, la flexicurité est loin de faire l’unanimité comme solution à l’insécurité socioéconomique. Le débat portant sur l’articulation entre la flexibilité et la sécurité n’est pas récent. Selon l’argumentaire économique, la flexibilité assure une certaine fluidité du marché du travail qui entraîne une allocation efficace des travailleurs là où ils sont plus productifs. Cette réallocation augmente le niveau de productivité et favorise donc la croissance économique. Ainsi, selon cette approche, toute régulation du marché du travail introduit des rigidités qui garantissent une sécurité d’emploi à un noyau restreint de travailleurs, au prix d’une plus grande vulnérabilité et de l’exclusion sociale. L’argument opposé associe la flexibilité sur le marché du travail à une précarisation des emplois et une insécurité économique et sociale accrue. L’argument de flexicurité s’inspire de la conception danoise de la flexibilité et de la sécurité. Dans ce contexte, la flexibilité renvoie à une faible protection de l’emploi, alors que la sécurité fait allusion à des indemnisations généreuses et des politiques d’activation. Cette opérationnalisation restrictive de la flexicurité a généré un débat controversé que le présent ouvrage réussit bien à couvrir, et cela malgré les multiples ramifications d’ordre conceptuel et méthodologique qui caractérisent ce débat. Une bonne synthèse en est présentée …