Comptes rendus

André Magord (dir.), Adaptation et innovation. Expériences acadiennes contemporaines, Bruxelles, 2006, 274 p. (Études canadiennes.)[Notice]

  • Michelle Landry

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À la suite de divers travaux effectués sur les questions identitaires, André Magord, directeur de l’Institut d’études acadiennes et québécoises à l’Université de Poitiers, avance cette fois une réflexion sur les possibilités d’adaptation et d’innovation des Acadiens du Nouveau-Brunswick afin de maintenir leur identité dans un contexte de mondialisation. La série d’articles regroupés dans cet ouvrage a initialement été présentée lors du colloque annuel de l’Association française d’études canadiennes de 2004 tenu à Poitiers. La préface d’Herménégilde Chiasson situe bien la problématique de la question identitaire dans cette Acadie contemporaine qui n’est plus une société traditionaliste et rurale comme elle a longtemps été décrite. Pourtant, l’Acadie est toujours attachée à son territoire, à sa langue et à son histoire, un fait qui peut sembler, pour certains, difficilement conciliable avec les importants changements socioéconomiques auxquels elle a dû et doit encore s’ajuster. Comment l’Acadie réussira-t-elle à s’adapter aux changements structurels amenés par la mondialisation qui « bouleverse toutes les données identitaires » ? C’est la question que pose André Magord dans cet ouvrage. Afin de situer sa réflexion, il présente dans l’introduction sa lecture des changements auxquels les Acadiens ont dû faire face jusqu’à aujourd’hui. Pour lui, là où le bât blesse, c’est la propagation relativement récente du modèle de société de consommation, car un groupe minoritaire en subirait davantage les effets d’homogénéisation. Il n’y aurait plus qu’au niveau local que « l’expérience d’une démarche authentique reste possible ». Pour tenter d’articuler cette réflexion, les articles sont regroupés en trois sections. La première prolonge l’introduction en offrant une perspective historique et la deuxième porte sur le thème de l’éducation qui, en milieu minoritaire, est sans aucun doute perçue comme l’un des plus importants enjeux de la culture et de l’identité. En troisième lieu, est présentée une série d’études effectuées à l’échelon local et touchant divers thèmes. Malheureusement, comme c’est trop souvent le cas dans la publication d’actes de colloques, le fil conducteur est difficilement repérable. Somme toute, puisque l’ouvrage est multidisciplinaire, le lecteur y trouvera tout de même plusieurs articles amenant une contribution intéressante à des domaines spécifiques. Dans une perspective sociohistorique, les deux textes d’introduction contribuent à fournir le recul et la mise en contexte nécessaires à la compréhension des changements sociaux en Acadie. En premier lieu, le débat qu’entretiennent depuis maintenant plusieurs années Magord et Thériault, qui oppose une conception de l’Acadie diasporique à celle d’une Acadie sociétale, se poursuit avec l’article de Joseph Yvon Thériault qui avance une typologie originale du rapport entre l’identité et le territoire en Acadie. À la suite de cette lecture, le territoire, malgré l’absence de frontières définies, apparaît bel et bien comme l’enjeu de la « permanence d’une identité collective ». Néanmoins, pour Thériault, l’Acadie contemporaine se révèle comme un amalgame de « pratiques individualisées et localisées », ce qu’il appelle « l’Acadie glocalisée ». L’analyse du mouvement étudiant des années 1960 de Joël Belliveau constitue également une intéressante contribution à l’étude de la société acadienne. Sa recherche en archives aide à identifier d’une manière un peu plus précise le changement de paradigme relatif aux idées politiques en Acadie qui a eu lieu à cette époque. La série d’articles regroupés sous le thème de l’éducation est précédée d’une éclairante réflexion sur le concept d’innovation effectuée par Gilles Ferréol. On y trouve ensuite trois textes des chercheurs Réal Allard, Kenneth Deveau et Rodrigue Landry. Le premier met en relation le concept de vitalité ethnolinguistique et le développement d’appartenances et de comportements langagiers en situation minoritaire. Les auteurs soutiennent que plus la vitalité ethnolinguistique est faible, plus il est probable que l’apprentissage de l’anglais donne …