Comptes rendus

Aimé-Jules BIZIMANA, De Marcel Ouimet à René Lévesque : les correspondants de guerre canadiens-français durant la Deuxième Guerre mondiale, Montréal, VLB éditeur, 2007, 374 p.[Notice]

  • Jean de Bonville

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S’engageant sur un terrain presque vierge dans l’historiographie québécoise, l’auteur se fixe pour objectif de brosser un aperçu du passage de journalistes canadiens-français sur les nombreux champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale. La structure de l’ouvrage épouse fidèlement cette préoccupation. Les sept premiers chapitres concernent les étapes successives du conflit et décrivent principalement les activités de quatorze représentants du Canada français. Le premier chapitre traite de la création du service d’information de Radio-Canada, auquel appartiennent la plupart des correspondants de langue française, et fait mention particulière de la contribution du journaliste et animateur Lucien Francoeur. Le deuxième chapitre porte sur les premiers « correspondants » dépêchés par Radio-Canada en Angleterre en 1940, soit Gérard Arthur et Jacques DesBaillets, ainsi que sur Édouard Baudry, écrivain et journaliste montréalais d’origine belge qui entre au service de Radio-Canada en 1942, après avoir passé une partie de 1941 et de 1942 en Angleterre comme officier d’infanterie de l’armée belge. Le chapitre suivant évoque le raid de Dieppe, auquel aucun correspondant canadien-français ne participe, et fait état du travail sur le sol anglais de deux représentants de Radio-Canada, Paul Dupuis et Alain Gravel, et du correspondant de la Canadian Press, Maurice Desjardins. Le quatrième chapitre traite de la campagne d’Afrique du Nord, marquée par le décès tragique d’Édouard Baudry, et par l’entrée en scène de François Bertrand et de René Lecavalier, annonceurs au service français de la BBC. La campagne d’Italie, objet du cinquième chapitre, amène au micro de Radio-Canada les correspondants Marcel Ouimet, Benoit Lafleur et Paul Barrette. Le chapitre 6 décrit la couverture du débarquement de Normandie, à laquelle participe notamment René Lévesque. Le chapitre suivant, intitulé « De Paris à Berlin », traite de la libération de Paris et de la progression des forces alliées jusqu’en Allemagne. Léo Cadieux représente le quotidien La Presse durant quelques mois au cours de cette période. Dans le dernier chapitre, l’auteur rompt sa trame narrative pour aborder, sous la rubrique du « contrôle de l’information », un ensemble de thèmes voisins comme la censure, les relations publiques de l’armée, le rôle des correspondants de guerre. Le titre de l’ouvrage recèle plusieurs équivoques, dont certaines portent à conséquence. Certes le nom de Marcel Ouimet mérite de figurer en bonne place dans le titre, mais, dans le cas de René Lévesque, la chose est moins sûre, et c’est sans doute un souci de commercialisation qui justifie la présence de cette célébrité dans le titre. D’autant plus qu’ainsi formulé, le titre réduit de beaucoup la portée chronologique du sous-titre, puisque Ouimet n’arrive en Angleterre qu’en 1943, et René Lévesque, en 1944. Or, l’auteur prétend traiter de toute la Seconde Guerre mondiale. Le terme de correspondant fait aussi problème. En effet, plusieurs des personnages dont la biographie est consignée dans l’ouvrage ne sont pas des correspondants au sens journalistique du terme, mais se rangeraient mieux dans la catégorie des annonceurs (François Bertrand, etc.) ou des animateurs (Lucien Francoeur, etc.). En revanche, malgré ce que suggère l’article défini du sous-titre Les correspondants de guerre..., tous les Canadiens français qui ont occupé cette fonction ou une fonction semblable durant cette guerre ne figurent pas dans la liste des personnages honorés d’une biographie. Tout comme il ne présente pas ses critères d’inclusion (pourquoi des annonceurs ?), l’auteur ne justifie pas non plus ses exclusions (pourquoi un René Lévesque au service des Américains et pas un Jean-Louis Gagnon au service des Anglais ou un Luc Désilets au service des Français ?). Même si la plus grande partie de l’ouvrage concerne le travail de correspondants de guerre, en particulier Marcel Ouimet et …