Comptes rendus

Lucie Héon, Denis Savard et Thérèse Hamel (dirs), Les cégeps : une grande aventure collective québécoise, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2006, 423 p.[Notice]

  • Céline Saint-Pierre

…plus d’informations

  • Céline Saint-Pierre
    Professeure retraitée de sociologie,
    Université du Québec à Montréal.

Élaboré sous la direction de trois professeurs du Département des fondements et pratiques en éducation de l’Université Laval, ce livre, dont l’idée initiale provient de l’Association des cadres des collèges du Québec, se veut une contribution à la connaissance de l’histoire du réseau collégial à l’occasion de son 40e anniversaire. Construit à partir d’analyses de sociologues et d’historiens et de témoignages d’acteurs ayant joué un rôle important dans la conception et la mise sur pied des cégeps, leur développement et leur gestion, ce livre adopte surtout la perspective d’un hommage et la forme d’un récit sur le cheminement et les réalisations de cette institution proprement québécoise et unique au monde. Les deux premières parties du livre sont consacrées à la naissance des cégeps et à leur évolution jusqu’à aujourd’hui. Les analyses et les témoignages des acteurs de la première heure que furent Guy Rocher, Jean-Paul Desbiens et Jean-Noël Tremblay, nous apprennent beaucoup sur les perspectives qui ont présidé au choix du cégep comme type d’institution d’éducation postsecondaire et sur le cheminement qui a présidé à son implantation dans diverses régions du Québec. Certaines anecdotes sur la création des cinq premiers cégeps en août 67 montrent à quel point le démarrage d’un tel changement dans notre système d’éducation a nécessité des prises de décision rapides et quotidiennes, quelquefois à distance des recommandations du Rapport Parent ou du Comité de planification de l’enseignement préuniversitaire et professionnel (COPEPP). Plusieurs des décisions et des arbitrages ont été le fait des décideurs politiques et de fonctionnaires du ministère de l’Éducation. Le processus d’implantation des cégeps apparaît comme un cas de figure fort pertinent à soumettre à l’étude de la gestion du changement en éducation auquel nous pourrions jouxter celui de la naissance de l’Université du Québec. En évoquant les défis de cette implantation, Jean-Paul Desbiens reconnaît que le principal fut celui de l’expansion du nombre des cégeps qui doublera et triplera en quelques années. En effet, chaque région voulait avoir son cégep et faisait les pressions nécessaires à cet égard sur le politique qui a répondu favorablement la plupart du temps. Cette question de l’importance du cégep en région demeure sensible encore aujourd’hui et elle fait l’objet de l’un des chapitres de l’ouvrage. Dans la seconde partie du livre, le rôle de l’État et des syndicats est mis en relief dans l’analyse de l’évolution des cégeps au cours des années 1970 et 1980, alors que la période de 1992 à 2004 est présentée comme étant celle de « l’aventure collective du Renouveau, une période de maturation engageante ». C’est dans le cadre du Renouveau de l’enseignement collégial que les cégeps se verront en effet confirmer leur statut d’établissement d’enseignement supérieur. Lucie Héon et Nathalie Ébaneth consacrent un chapitre à l’analyse des mémoires déposés lors du « Forum sur l’avenir de l’enseignement collégial » lancé par le ministre Pierre Reid, le 8 avril 2004. Rappelons que ce Forum avait créé une sorte d’onde de choc dans le milieu collégial et particulièrement au sein du personnel d’encadrement spécifiquement interpellé par les questions soumises au débat. Ce chapitre contient un matériel fort pertinent et riche pour quiconque veut mieux comprendre où en sont les cégeps aujourd’hui et quelles questions demeurent à résoudre pour son évolution prochaine. La troisième partie du livre présente les différentes facettes du rayonnement du cégep qui passe d’abord par l’influence de la vie collégiale sur le développement personnel et social des étudiants et étudiantes. Le bonheur est-il un objectif éducatif ? se demande Rénald Côté. Si sa réponse est positive, il montre à quel point le passage au cégep est un moment crucial …