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Née le 7 septembre 1915, Jeanne Lapointe est décédée à Québec le 7 janvier 2006. Sous le patronage du père Georges-Henri Lévesque – dont elle fut l'étudiante à l'ouverture de l'École des sciences sociales de l’Université Laval – elle a passé quelques années en Martinique en 1939-1940, au titre de professeur de lycée, pour suppléer à la pénurie d'enseignants français. Elle a poursuivi des études supérieures à Paris en 1946-1948 avant d'être recrutée par la Faculté des Lettres de l'Université Laval où elle deviendra professeure titulaire en 1950. Elle s'est rapidement imposée comme critique littéraire lucide et exigeante, à Cité libre et sur les ondes de Radio-Canada, et elle a servi de mentor à plusieurs écrivains au début de leur carrière, dont Anne Hébert, Gabrielle Roy, sans oublier Marie-Claire Blais qui nous livre le témoignage qu’on lira plus bas.
Nommée à la Commission Parent en 1961, elle y a plaidé l’abolition des collèges classiques. Aux yeux de Jeanne Lapointe, il fallait supprimer cette institution pour soustraire les jeunes gens à l'influence du clergé, et ce point de vue a prévalu. On lui doit par ailleurs une bonne part du texte du Rapport Parent. Elle fut ensuite recrutée pour la Commission Bird (Commission royale d'enquête sur la situation de la femme au Canada, 1967), dont le rapport est paru en 1970. À l'issue de quoi, elle s'est spécialisée en psychocritique (psychanalyse et littérature) puis s’est impliquée dans le mouvement féministe.