Comptes rendus

Louise Guyon, Serge Brochu et Michel Landry (dirs), Les jeunes et les drogues. Usages et dépendances, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2005, 325 p.[Notice]

  • Richard Cloutier,
  • Stéphanie Fortin,
  • Jacinthe Lampron et
  • Marie-Andrée Plante-Jean

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  • Richard Cloutier
    École de psychologie,
    Université Laval.

  • Stéphanie Fortin
    Étudiante à l’École de psychologie,
    Université Laval.

  • Jacinthe Lampron
    Étudiante à l’École de psychologie,
    Université Laval.

  • Marie-Andrée Plante-Jean
    Étudiante à l’École de psychologie,
    Université Laval.

Le livre est un collectif regroupant huit études différentes en autant de chapitres sur la question de la consommation de drogues chez les jeunes au Québec. L’ouvrage fait suite à un séminaire tenu à Montréal en janvier 2003 et il constitue une référence très pertinente quant à la prévalence de la consommation de substances psychoactives chez les jeunes. Il contient une quantité impressionnante de données empiriques sur le phénomène et a le mérite de fournir l’heure juste, notamment quant à l’importance actuelle de la consommation de psychotropes chez les jeunes et aux trajectoires typiques de cette consommation chez les individus et chez les différentes cohortes observées au cours des dernières décennies. On y apprend notamment que la consommation est plus importante que ce que certaines enquêtes générales avaient pu révéler auparavant. Sur le quatrième de couverture, il est indiqué que les textes présentés seront d’un grand intérêt pour « tous les intervenants, parents, professeurs, professionnels de la santé ou chercheurs ». Nous souscrivons à l’affirmation, mais il faut ajouter que plusieurs chapitres affichent un discours que bon nombre de parents ou même d’intervenants trouveront chargé de contenus méthodologiques à caractère relativement technique. Le chapitre de Louise Guyon et Lyne Desjardins fournit le tableau de la consommation d’un échantillon représentatif de plus de 4 700 adolescents fréquentant une école secondaire au Québec. Les données sur la consommation de substances psychoactives y sont présentées de façon claire et synthétique. Il s’agit certainement d’une référence précieuse. Le chapitre offre aussi une interprétation des données en fonction de trois niveaux d’engagement dans la consommation : feu vert, feu jaune et feu rouge. Ces trois profils de consommation sont habilement utilisés pour interpréter les niveaux de risque. Une démonstration claire est faite que l’engagement dans la consommation est associé à des difficultés d’adaptation personnelle et relationnelle du jeune et que la précocité est un témoin important du risque d’enlisement dans la consommation. Le deuxième chapitre, rédigé par Frank Vitaro, René Carbonneau, Richard E. Tremblay et Catherine Gosselin, se divise en deux parties. La première constitue une description très intéressante de trois trajectoires de développement de la consommation chez une cohorte d’adolescents et jeunes adultes suivis pendant 15 ans, et la deuxième rapporte les résultats d’un programme de prévention appliqué auprès de jeunes à haut risque de consommation élevée de drogues (garçons issus de milieux défavorisés). L’échantillon offre donc une perspective longitudinale exceptionnelle même s’il n’est pas représentatif de l’ensemble de la population des jeunes québécois. L’étude a le mérite de proposer une analyse de l’interaction de trois trajectoires (consommation faible, moyenne et élevée entre 13 et 17 ans) en fonction des trois types de produits considérés, soit l’alcool, la marijuana et les « autres drogues ». Cette analyse, croisant le niveau de consommation et le produit consommé, donne lieu à sept profils différents de jeunes dont l’importance relative est fournie en pourcentage. On apprend notamment que 8,7 % de l’ensemble affichent une consommation élevée des trois types de produits comparativement à 24,7 % qui rapportent une consommation faible des trois types de produits. Les données de consommation sont mises en lien avec les indices d’ajustement personnel et social des répondants et illustrent clairement la relation entre la lourdeur de leur consommation et leurs difficultés personnelles et sociales. La deuxième partie du chapitre présente un exemple de programme de prévention secondaire de type générique (c’est-à-dire visant non pas seulement un problème en particulier mais une série de problèmes interreliés) s’adressant à des garçons de 2e et 3e année du primaire et à leurs parents. Cette partie du chapitre fournit aussi une réflexion critique sur …